Un chercheur américain croit reconnaître Léonard de Vinci sur une gravure d’époque

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 4 juin 2015 - 603 mots

CLEVELAND (OHIO, ETATS-UNIS) [04.06.15] – Un chercheur aurait identifié un portrait de Léonard de Vinci jouant de la lyre sur une gravure âgée de 500 ans. Il n’y a pour l’instant que deux représentations connues de l’artiste réalisées de son vivant.

Une gravure âgée de 500 ans pourrait représenter Léonard de Vinci jouant d’un instrument de musique appelé « lira da braccio ». C’est en tout cas la thèse de Ross Duffin, professeur de musique à la Case Western Reserve University de Cleveland, qui a publié ses recherches dans le magazine Cleveland Art du Musée d’art de Cleveland, résumées sur le site Live Science.

Si cette hypothèse est vérifiée, cette gravure deviendrait le 3e portrait de Léonard de Vinci réalisé de son vivant encore conservé. Déjà Martin Kemp, professeur d’histoire de l’art émérite à l’Université d’Oxford et spécialiste de l’artiste affirme que cette attribution est « sérieuse et a des chances d’être vraie ».

Cette gravure a été réalisée par Marcantonio Raimondi aux alentours de 1505, et est entrée dans les collections du Musée d’art de Cleveland en 1930 sous le titre Orphée charmant les animaux. Elle représente en effet un homme barbu assis près d’un arbre et jouant d’un instrument à corde, accompagné de deux animaux qui s’approchent pour écouter la musique. Ceci a été le point de départ des recherches de Ross Duffin, étant donné que cette représentation d’Orphée dans la force de l’âge et barbu ne correspond absolument pas aux représentations traditionnelles du poète grec charmant les animaux. « Une chose qui est absolument constante est qu’Orphée est représenté comme un jeune homme imberbe, le jeune mari de la tragique Eurydice », explique Ross Duffin. Or l’homme sur la gravure semble être âgé d’environ 50 ans.

Ross Duffin a comparé la gravure avec un portrait de Léonard de Vinci dessiné par Francesco Melzi, qui en 1506 rejoignait comme assistant l’atelier du maitre, alors âgé de 54 ans. « Le portrait de Melzi montre un homme avec une barbe et de longues boucles, et la très légère bosse sur le nez ainsi que le creux au-dessus des sourcils correspondent parfaitement à l’homme barbu à la longue chevelure sur la gravure de Marcantonio ».

Un autre indice repéré par Ross Duffin est l’instrument à corde joué par le pseudo-Orphée. Duffin l’a identifié à une « lira da braccio », et l’on sait que Léonard de Vinci avait fabriqué lui-même un instrument de ce type et qu’il savait en jouer parfaitement. En 1550, Giorgio Vasari relate dans ses Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes les talents musicaux de Léonard de Vinci, qui avait été invité en 1494 à jouer de la lyre devant le duc de Milan.

Les interrogations demeurent en revanche concernant les circonstances de la rencontre entre Marcantonio Raimondi et Léonard de Vinci. « Marcantonio travaillait à Bologne à ce stade précoce de sa carrière, et il n’y a pas d’évidence qu’ils se soient rencontrés », explique Martin Kemp. Ross Duffin pense que les deux hommes pourraient s’être rencontrés à Milan en 1506-1507, durant une production d’Orfeo, un opéra sur le mythe d’Orphée. Dans ce cas de figure, Léonard aurait pu interpréter le rôle d’Orphée jouant de la lyre sur scène. Une autre possibilité serait que les deux hommes se soient rencontrés en 1509, quand Léonard a visité Florence. Enfin Marcantonio Raimondi pourrait également avoir utilisé un portrait de l’artiste pour lui servir de référence.

« Nous ne savons pas avec certitude si Marcantonio a croisé la route de Léonard, mais la gravure semble clairement être un hommage, destinée à honorer les talents musicaux de Léonard de Vinci », conclue Ross Duffin.

Légende photo

Gravure de Marcantonio Raimondi dont le personnage pourrait être Léonard de Vinci - 1505 © Photo Cleveland Museum of Art

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