Retour sur le succès de la collection Frum dispersée chez Sotheby’s

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 18 septembre 2014 - 589 mots

PARIS [18.09.14] – Avec la totalité des lots vendus et un chiffre de 7,5 millions d’euros, la dispersion de la collection Frum d’art océanien chez Sotheby’s mardi 16 septembre a remporté un franc succès qui tient beaucoup à la qualité des œuvres et à leur provenance.

C’est un dernier hommage qui a été rendu mardi 16 septembre à Murray Frum, lors de la dispersion des 49 œuvres d’art océanien de sa collection chez Sotheby’s. Plus importante vacation d’art océanien organisée depuis 40 ans, la vente a dépassé l’estimation initiale de 4,5 à 6 millions d’euros pour atteindre un total de 7,5 millions d’euros (frais compris). Avec 14 lots adjugés au dessus de 100 000 euros et 3 lots dépassant le million, il s’agit d’une vente historique, qui augure une « nouvelle référence sur le marché de l’art océanien », affirme Alexis Maggiar, expert au département arts africain et océanien chez Sotheby’s.

Domaine de collection universel
L’afflux de visiteurs - 2400 - venus à l’exposition des œuvres à la Galerie Charpentier la semaine précédant la vente annonçait un intérêt inédit pour des œuvres d’art océanien. Cet intérêt a été confirmé pendant la vacation, faisant salle comble et animée par de nombreux enchérisseurs. Alexis Maggiar parle de l’art océanien comme « un domaine de collection universel » : les collectionneurs ne peuvent pas être catégorisés car ils s’intéressent autant à la peinture, à la sculpture, à l’art africain qu’à l’art océanien. Un parallèle était d’ailleurs souligné dans le catalogue entre un crochet porte-crânes de Papouasie Nouvelle-Guinée (adjugé 337 500 euros) et une œuvre de Jean Dubuffet. Géographiquement, tous les continents étaient représentés parmi les acheteurs.

Rareté des œuvres
Le succès de la vente tient beaucoup à la rareté des œuvres. Selon Marguerite de Sabran, directrice du département, il n’existe pas d’exemple comparable d’un tel ensemble sur le marché. Cet élément a été décisif pour les collectionneurs. Tous les objets ont trouvé preneur, quasiment systématiquement à leur estimation haute. La vedette de la vente est une statue d’ancêtre Uli, (Aire Mandak, Centre de la Nouvelle-Irlande). Estimée entre 700 000 et un million d’euros, elle a atteint le prix record mondial pour une statue Uli de 1,6 million d’euros (1,3 million hors frais). Beau score également pour la tête d’un « Dieu-Bâton », atua rakau, Rarotonga des Iles Cook : 1,2 million d’euros pour une estimation entre 1 et 1,5 million. Malgré sa rareté (seuls 6 exemplaires de statues sculptées en ronde bosse sont répertoriées dans le monde), la statue pou whakai, Maori, de Nouvelle-Zélande n’a pas dépassé son estimation basse. Elle a tout de même été adjugée 1,4 million d’euros (1,2 million d’euros hors frais).

Solide provenance des œuvres
Murray Frum avait un œil solide pour déceler la qualité et l’importance d’une œuvre. Sa passion l’a amené à croiser diverses personnalités qui ont participé à la découverte et à la reconnaissance des arts d’Océanie. Parmi eux : les collectionneurs Harry Beasley (1881-1939), Kenneth Webster (1906-1969) et Jacob Epstein (1880-1959). C’est lors des célèbres ventes, à Londres en 1979 et 1980, de l’exceptionnelle collection de James Hooper (1897-1971), que Muray Frum acquit ses premières œuvres polynésiennes.

A partir de ces premières acquisitions jusqu’à sa mort en 2013, ce dentiste qui a fait fortune dans l’immobilier n’a jamais cessé son « travail de l’œil, du cœur et de l’esprit ». Sa « quête d’œuvres toujours plus belles, plus nombreuses et de valeur toujours plus grande ne prit jamais fin » rapporte son fils David Frum. Le succès remporté par la vente mardi dernier est une belle récompense.

Légende photo

Statue d'ancêtre ULI, aire Mandak, centre de la Nouvelle-Irlande, collection FRUM, &copy Sotheby's

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