New York : une Little China à 75 millions de dollars

Par Marie Flambard · lejournaldesarts.fr

Le 7 septembre 2012 - 667 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS]) [07.09.12] - Christie’s et Sotheby’s anticipent un chiffre d’affaires de 75 millions de dollars pour la seconde Asian Art Week à New York de l’année, du 10 au 14 septembre 2012. Loin derrière leurs ventes à Hong Kong.

Cela fait plusieurs années que le duopole organise ses plus grandes ventes d’art asiatique à Hong Kong. Ainsi en 2011, les ventes d’automne de Christie’s et Sotheby’s à Hong Kong rapportaient respectivement plus de 250 millions de dollars pour l’une et plus de 300 millions de dollars pour l’autre. Pourtant Christie’s et Sotheby’s ont tenu à maintenir un fort courant d’affaires à New York notamment pour l’art ancien chinois, pour l’art indien et d’Asie du Sud de toutes les périodes, ainsi que pour les objets d’art japonais et coréen.

Au cours de huit vacations avec, en vedette, les ventes de « Céramiques et Objets d’Arts chinois » et d’« Art Moderne et Contemporain d’Asie du Sud », plus de 1600 lots provenant des différentes régions d’Asie et datant du 12e siècle avant notre ère jusqu’à nos jours, seront dispersés par les deux auctioneers. Malgré son catalogue plus large réparti en cinq ventes, la maison de François Pinault espère un chiffre d’affaires global de 25 à 36 millions de dollars, légèrement inférieur aux prévisions de sa concurrente qui, en trois ventes, prévoit d’engranger entre 26 et 39 millions de dollars.

Parmi les œuvres phares proposées aux riches amateurs d’objets d’art chinois anciens : un exceptionnel pot à pinceaux en jade vert sculpté de la période Bitong Qianlong (18e siècle), estimé 500 000/800 000 dollars US chez Christie’s ou bien une rare flasque en porcelaine bleu et blanc récemment découverte chez un particulier à Long Island (est. 600 000/900 000 dollars) chez Sotheby’s. Les catalogues des deux maisons proposent près d’un millier de lots dans cette spécialité offrant un riche éventail d’objets en porcelaine, jade, métal, laque sculptée, des dynasties Qing et Ming pour la plupart.

Dans un tout autre domaine, les deux concurrentes font des propositions similaires avec une centaine de lots chacune pour représenter l’art moderne et contemporain d’Asie du Sud. Les peintures de M.F. Husain et S.H. Raza illuminent une fois de plus ces vacations. On note toutefois une meilleure représentation de l’art contemporain indien dans le catalogue de Christie’s avec notamment une huile sur toile de 2008 de Subodh Gupta (est. 200 000/300 000 dollars) et des œuvres des jeunes artistes Alwar Balsubramaniam ou T.V. Santosh.

Christie’s complète en outre son offre pour cette région avec une vente d’art ancien en provenance d’Inde et d’Asie du Sud-Est dans laquelle s’illustrent des Bouddhas de Gandhara en schiste, des Thangkas du Tibet, des figures de divinités indiennes en bronze et quelques peintures du 16e au 19e siècle.

Tandis que Sotheby’s reste surtout concentrée sur l’art chinois, Christie’s fait cavalier seul avec ses ventes d’art japonais et coréen et de livres sur l’art asiatique.

Provenant pour la plupart de collections privées américaines, ces œuvres d’art seront probablement acquises en majorité par des collectionneurs chinois ou indiens. « La demande pour l’art asiatique est internationale mais on constate une augmentation des clients asiatiques, avec une présence particulière d’importants clients chinois pendant l’Asian Art Week » explique Christie’s. On assiste en effet depuis quelques années à un rapatriement du patrimoine des pays émergents par le biais des collectionneurs.

Christie’s et Sotheby’s ne sont déjà plus les seules à profiter de cette situation. Leurs concurrentes chinoises Poly International et China Guardian sont déjà bien présentes et tendent à l’être de plus en plus puisque la première a ouvert en mars dernier son premier bureau à New York et la seconde devrait faire de même dans les mois qui viennent selon Artinfo.com. Leur présence sur place devrait favoriser leurs contacts avec les collectionneurs américains et leur permettre de récupérer davantage de mandats de ventes pour leurs vacations qui continuent d’avoir lieu, pour le moment, exclusivement en Chine.

Mais à ce rythme-là, le réservoir d’objets d’art asiatique aux Etats-Unis devrait bientôt s’épuiser.

Légende photo

Jade imperial - Dynastie Qing, période Qianlong - Vente Sotheby's du 11 septembre 2012 - New York - Estimation 800.000 / 1,2 M $ - source Sotheby's

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