A Singapour, Mona Lisa d’Isleworth fait sa première sortie dans le monde

Par Marion Zipfel (Correspondante à Singapour) · lejournaldesarts.fr

Le 18 décembre 2014 - 616 mots

SINGAPOUR [18.12.14] - C’est à Singapour que la fondation Mona Lisa a choisi de débuter sa tournée intitulée « Earlier Mona Lisa » présentant une version supposée antérieure à celle du Musée du Louvre et peinte par Léonard de Vinci. Elle doit aller à Hong Kong en mars prochain.

Même posture, même sourire énigmatique mais plus jeune, le teint plus clair, c’est à Singapour au milieu de l’ancienne salle du parlement que la très controversée Mona Lisa, qui aurait été peinte en 1503 soit dix ans avant La Joconde du Louvre, a fait son entrée dans le monde. Son histoire est digne d’un roman.

Connue sous le nom de Mona Lisa d’Isleworth, cette version de La Joconde a été découverte en 1913 dans un manoir de la campagne anglaise par un collectionneur anglais, Hugh Blaker, qui l’a ensuite emportée dans le quartier d'Isleworth dans la banlieue de Londres, peu avant le début de la Première Guerre mondiale. Blaker meurt en 1936 et le tableau est alors acheté par le mécène américain Henry Pulitzer qui le déposa dans un coffre-fort en Suisse. A sa mort, en 1979, il a légué le tableau à sa compagne Elisabeth Meyer décédée en 2008. Le tableau est ensuite acheté par un consortium de propriétaires qui ont chacun souhaité rester anonyme. En 2012, la fondation Mona Lisa présente le tableau à Genève et rend public les résultats de plus de 30 tests affirmant qu’il est de la main de Léonard de Vinci.

« Fantaisies », « canular », certains experts restent sceptiques. Pourtant un an plus tard, en 2013, suite à de nouveaux tests, la fondation affirme que la Mona Lisa d’Isleworth et la Joconde du Louvre ont été réalisées par le même peintre. Selon l’historien Jean-Pierre Isbouts, historien de l’art et auteur du livre The Mona Lisa myth, le visage, les bras, les plis de la robe de la Mona Lisa antérieure ont été exécutées par Léonard de Vinci alors que le paysage, a été peint par des apprentis du maître. « Pendant de nombreuses années, la priorité a été donnée aux recherches, aujourd’hui nous voulons que ce tableau soit vu par le plus grand nombre » explique Markus Frey, le président de la Fondation Mona Lisa. Et c’est en Asie à Singapour que la Mona Lisa d’Isleworth entame sa rencontre avec le monde. La fondation Mona Lisa s’appuie sur l’aide de Vincent Ong, un homme d’affaires singapourien amoureux du portrait et aujourd’hui membre du conseil de la fondation qui a joué les intermédiaires auprès d’institutions comme l’office du tourisme de Singapour (Singapore Tourism Board) et le Arts House où se tient l’exposition. C’est à Singapour également que l’exposition a été conçue.

Si le choix de la Ville-Etat peut surprendre, pour Jean-Marie Isbouts c’est une évidence. « Pourquoi toujours Paris, pourquoi toujours Londres, l’avenir de l’art est ici, en Asie. En Europe, on est devenu trop blasé » affirme-t-il tout en caressant l’espoir que l’exposition puisse venir aux Etats-Unis et en Europe. « Ce tableau doit discuter avec celui du Louvre » explique le spécialiste de la Renaissance.

Le visiteur équipé d’une tablette numérique chemine parmi neuf galeries qui à travers différents angles, historiques ou mathématiques et scientifiques présentent la conclusion de la fondation : Léonard de Vinci a peint deux tableaux de la Joconde. L’exposition se termine par un tête-à-tête avec le fameux tableau. Face à ses doutes et ses questions, le spectateur n’a alors pour seule réponse que le sourire énigmatique de la jeune femme.

Après Singapour, l’exposition est attendue au musée de l’université de Hong Kong au mois de mars. La fondation est encore en négociations pour de futures expositions en Chine, au Japon, en Corée et en Thaïlande.

Exposition « Leonardo Da Vinci’s Earlier Mona Lisa » jusqu’au 11 février 2015, The Arts House at the Old Parliament, Singapour

Légende Photo :
Léonard de Vinci, Mona Lisa d'Isleworth, circa 1501/1503 - Photo The Mona Lisa Foundation / Wikimedia 

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