Shanghai en mutation

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 février 2004 - 419 mots

Shanghai est à l’honneur au musée Carnavalet avec deux expositions, l’une sur le Shanghai du début du XXe siècle ; l’autre présente les photographies de
Marc Riboud.

En moins d’un demi-siècle, de 1911 à 1947, la Chine passe du Moyen Âge à l’époque moderne. En toile de fond : la vie politique agitée, violente, une république qui succède à l’empire, et la menace japonaise toujours présente. En 1934 Mao entreprend la Longue Marche, la République populaire est proclamée en 1949. L’exposition du musée Carnavalet présente l’existence quotidienne des habitants de Shanghai pendant cette période. Ces photos de famille, pages de vie, s’ouvrent sur l’ère des concessions étrangères, premières intrusions qui popularisent la vie à l’européenne, alors que d’innombrables maisonnettes s’entassent dans les quartiers pauvres. La modernité s’étale déjà le long du Bund qui borde l’immense port fluvial sur le fleuve Huangpu. Sa partie nord, grands hôtels et banques, évoque New York. Pourtant dans les rues, c’est toujours le petit peuple chinois, sans âge, que l’on retrouve. Dans les marchés de plein air, les paysans offrent leurs produits, les petits artisans travaillent sur le trottoir, mais certains chômeurs arrivés de la campagne sombrent dans la misère. Parallèlement une occidentalisation rapide se fait jour sous l’influence des habitants des concessions. Partout de grands chantiers, d’immenses buildings sortent de terre, des grues pointent vers le ciel, on répare le sol des rues, une centrale électrique dresse sa masse imposante, mais on n’oublie pas de construire des « maisons en bandes » pour faire face à la poussée démographique. Écoles et universités se multiplient, y compris une école secondaire de filles. Les équipes de sport se font photographier, on commence à pique-niquer. Pour les mariages il est de bon ton d’adopter le style européen mais la tradition persiste pour les cortèges funèbres, le culte multimillénaire des ancêtres ne saurait disparaître si vite. Une galerie de portraits de femmes (y compris de très jeunes prostituées) jalonne cette évolution, portraits de vedettes de cinéma, de la chanson, prouvant une relative libération de la femme. Mais en 1937, l’armée japonaise attaque Shanghai, l’occupation dure jusqu’en 1945, et une dernière photographie montre la population acclamant les troupes gouvernementales dans la rue de Nankin...

Les expositions

« Photographies du musée d’Histoire de Shanghai, 1911-1949 » et « Photographies de Marc Riboud 1992-2002 », se tiennent jusqu’au 7 mars, tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h. Tarifs : 5,34 et 3,81 euros. PARIS, musée Carnavalet 23 rue de Sévigné, IIIe, tél. 01 44 59 58 58.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°555 du 1 février 2004, avec le titre suivant : Shanghai en mutation

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