Sécurité et prévention au menu de l’ICOM à Rio

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Le 19 août 2013 - 617 mots

RIO DE JANEIRO (BRESIL) [15.08.13] - Lors de la Conférence générale du Conseil international des musées (ICOM) du 10 au 17 août, quelques innovations sont présentées dans le domaine de la sécurité des musées.

L’une des missions prioritaires de l’ICOM est la lutte contre le trafic illicite de biens culturels. A ce titre, l’ONG collabore régulièrement avec l’Organisation mondiale des douanes et Interpol. L’ICOM publie ainsi des documents parmi lesquelles les fameuses « listes rouges », qui ont une double utilité : recenser les pertes, tout d’abord, dans une logique d’enquête, puis de fermeture de facto des filières de revente grâce à une communication mondiale. Ensuite, l’ICOM contribue à la prévention dudit trafic en sensibilisant les professionnels des musées aux bonnes pratiques.

Stéphane Thefo est officier de police et expert, au sein d’Interpol, sur les questions de prévention et de protection du patrimoine culturel. A Rio, il accompagne les travaux du Comité international sur la sécurité des musées (ICMS) dont il est membre. « 99% des objets culturels qui constituent le trafic sont issus de vols dans les musées, les édifices religieux, les sites archéologiques... Prévenir les vols revient donc à tarir la source du problème ». Cet ancien conseiller du ministère de la culture, spécialiste du vol, a notamment « testé » la sécurité de plus de 600 institutions culturelles en France. « L’accent doit rester sur la prévention, car entre 5 et 10% des objets volés sont retrouvés. D’où l’importance de réaliser des inventaires ».

Dans cette perspective, Bernard Greiner, industriel spécialiste de la sécurité des œuvres, est invité par l’ICMS à présenter en exclusivité un nouveau dispositif portable miniaturisé (marqueur, ou « tag »), baptisé « Monalitag ». La particularité de cette puce électronique greffée à l’œuvre tient dans la quantité d’informations qu’elle traite et diffuse : mouvement, température, humidité, etc., et dans sa bonne capacité d’émission, qui permet par exemple de procéder à un inventaire sans ouvrir les caisses. Le Louvre Lens et le Château de Chantilly ont déjà adopté cette technologie fondée sur la RFID (identification par radiofréquence).

Dans cet après-midi de conférences où plane l’ombre des grands cambriolages, une autre innovation est présentée par Emile Broersma, directeur de la sécurité au Rijksmuseum, à Amsterdam. Cet homme (est-ce le contexte qui nous fait lui trouver une ressemblance avec l’acteur Bruce Willis ?) emploie, depuis la réouverture du célèbre musée néerlandais, une équipe de « profilers » qui analysent les images de vidéosurveillance. Des anciens douaniers, physionomistes ou gardes sont entraînés à repérer les comportements suspects aux abords du musée, où jusqu’à 12 000 personnes se pressent chaque jour. « L’idée est davantage de prévenir le vandalisme », précise-t-il en citant la Ronde de Nuit de Rembrandt, qui en a souffert à trois reprises. Au moindre doute, les profilers abordent la personne suspecte avec quelques questions clés, « afin d’observer les micro-émotions ». Si le doute est confirmé, le démasquement anticipé provoque la panique et presque toujours la fuite. « Les plaintes (notamment les pickpockets) ont chuté en deux semaines et les profilers m’économisent 30 postes de gardien par an ». On est un peu désarmé devant la description du dispositif - aux sens propre et figuré.

Emile Broesma raconte enfin l’histoire de deux hommes qui déambulent au Rijksmuseum en pleine journée et dont l’attitude est jugée suspecte par un des profilers. Comme le veut la procédure, vérification est faite sur les dossiers d’Interpol. Les fiches révèlent deux voleurs chevronnés, recherchés par la police mais en simple visite ce jour-là. Reconnaissance ou simple loisir ? Quoiqu’il en soit, les deux hommes sont arrêtés, trahis par la « déformation professionnelle » du voleur en vacances. Un petit air de Bruce Willis, on vous dit.

Légende photo

Le logo de l'ICOM - source www.icom.museum

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