Quatre voluptés et un rien

Par James Benoit · L'ŒIL

Le 26 juin 2017 - 168 mots

Essai Poétique -  Jouir. Comme un état suspendu.

Le mot est-il hors de propos lorsqu’on s’intéresse à l’art christique, baroque ? Est-il abusif lorsqu’on s’intéresse, en la matière, à la sculpture du Bernin L’Extase de sainte Thérèse, qui orne la chapelle de Santa Maria della Vittoria à Rome, tant elle semble témoigner d’une délicatesse orgasmique plus que d’une union mystique avec le divin ? Jouir. Et sous la ligne autobiographique, Pascal Ory nous narre son saisissement d’adolescent, sa construction d’homme, son ouverture au plaisir sensuel et aux femmes, au travers de ces extases artistiques. Ce faisant, il dépeint en creux toute l’habileté de la production catholique à canaliser l’ardeur charnelle, autour de théâtres de marbre aux plaisirs érotiques, vers le dessein plus pieux d’un amour de Dieu. Entre notre basse terre et le rivage des cieux vogue la gourmandise sexuelle des hommes, véritable moteur amoureux du transport religieux autant que de la perpétuation de ce monde. La lecture de cet essai savant et singulier les met savoureusement en relation.

Pascal Ory,
Jouir comme une sainte et autres voluptés,
Mercure de France, 152 p., 17 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°703 du 1 juillet 2017, avec le titre suivant : Quatre voluptés et un rien

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