Un voisinage agréable

Le Museumsquartier de Vienne ouvre ses portes en 2001

Le Journal des Arts

Le 5 janvier 2001 - 658 mots

Pour Vienne, l’année 2001 sera l’année du Museumsquartier. Décidé en 1986, le projet, qualifié de “Beaubourg viennois”?, voit enfin le jour après plus d’une dizaine d’année de discussions : de la Kunsthalle en mai, au Musée d’art moderne en septembre, ce vaste complexe culturel de 60 000 m2, situé dans les anciennes écuries impériales, ouvrira ses portes au fil des mois.

Vienne (de notre correspondante) - Le 9 mai, l’inauguration du Winterreitschule, le manège couvert situé au centre du Museumsquartier (Quartier des musées) viennois marquera une année riche pour la ville. À l’intérieur vont cohabiter sur deux étages la Kunsthalle et le Wiener Festwochen. Le Festival des semaines viennoises, qui utilise depuis des années l’espace pour des spectacles et des expositions, disposera alors d’une pièce rénovée aux dimensions immenses, aux côtés des deux salles d’expositions prévues pour la Kunsthalle. Séparées, les deux entités disposeront de services communs, et pourront unifier deux fois par an le rez-de-chaussée.  En partie portée par cette synergie, le Museumsquartier promet de nombreuses autres réalisations. D’ici, la fin de l’année 2002, le quartier devrait palpiter dans ses 60 000 m2.
Situés respectivement sur la cour Staatsratshof et sur le Fürstenhof, le Centre d’architecture de Vienne et le Musée du Tabac rouvriront avant juin 2001. Le Musée d’art moderne sera, lui, inauguré à la mi-septembre 2001, et quelques jours plus tard, ce sera au Leopold Museum de montrer ses Schiele et ses Kokoschka. Le Centre de la danse et le Musée des enfants suivront de peu. En revanche, le Théâtre, consacré à un répertoire pour la jeunesse, devra attendre 2002. Le Museums-quartier abritera également des réserves, des bureaux administratifs, 40 appartements, une librairie d’art, plusieurs cafés, et un magasin d’alimentation. “Malgré la planification actuelle, le Museumsquartier doit pouvoir réagir à temps aux changements dans le monde de la culture. Pour cela, des espaces réservés à des initiatives temporaires seront nécessaires ultérieurement”, rajoute Wolfgang Waldner, directeur administratif de la “Museumsquartier Errichtungs- und Betriebsgesellschaft”, la société en charge de la gestion commerciale du complexe. Nous réfléchissons d’ailleurs à une institution de plus, une espèce de laboratoire des arts. Baptisée pour l’instant ‘Quartier 21’, cette structure devrait être dotée d’infrastructures techniques et logistiques flexibles pour des projets interdisciplinaires entre cinéma, danse, performance, arts, architecture et moyens informatiques.”

Douze ans de discussions
Occupant une position stratégique, entre la zone des grands musées nationaux, les institutions artistiques et musicales de la Karlsplatz, le quartier touristique du Spittelberg avec ses ruelles et ses restaurants, et la grande artère commerciale de la Mariahilferstrasse, le nouveau complexe culturel, qui a coûté 900 millions de francs, devrait attirer chaque année un million de visiteurs. Les retombées sur l’économie et l’image de Vienne sont quant à elles difficilement estimables. Pareil enthousiasme ne doit  pas faire oublier l’accouchement douloureux du projet. Entamé en 1986, il a été prolongé par des discussions infinies, qui n’ont abouti qu’en 1998 (lire le JdA n° 75, 22 janvier 1999). Pendant cette période, de nombreux changements ont marqué l’évolution du quartier, et la tour de 40 mètres que l’agence Ortner & Ortner, lauréate du projet en 1990, destinait à une bibliothèque n’a pas été édifiée. En 1995, Manfred Wehdorn, expert en restauration des bâtiments historiques est venu s’ajouter aux deux architectes de Linz pour harmoniser bâtiments baroques et nouvelles constructions. “L’une des tâches les plus importantes a été de réduire le volume des deux nouveaux musées d’art moderne, de façon à ne pas entraver la silhouette de l’édifice central du manège. Nous avons donc déplacé des restaurants et des bureaux dans le bâtiment de façade de Fischer von Erlach et nous sommes descendus dans le sous-sol pour les réserves. Nous avons ainsi pu réduire d’un tiers la hauteur des nouvelles constructions.” Explique Manfred Wehdorn. Tout a été savamment pesé, jusqu’aux couleurs du quartier : blanc pour le Leopold, anthracite pour le Musée d’art moderne, abricot clair pour le long bâtiment de façade, gris-bleu pour le manège et rouge brique pour la Kunsthalle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°118 du 5 janvier 2001, avec le titre suivant : Un voisinage agréable

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