Collection - Musée

Un panneau du pavillon bing

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 20 décembre 2023 - 424 mots

Grâce à un don des Amis du musée, Orsay a acquis une troisième toile peinte par Georges de Feure pour décorer le mythique bâtiment présenté à l’Exposition universelle de 1900.

un esthète au goût révolutionnaire

« Bing » n’est pas une onomatopée, mais un patronyme mythique dans l’art du XXe siècle. Le collectionneur et marchand Siegfried Bing est en effet le fondateur de la Maison de l’Art nouveau, une galerie proposant des objets et œuvres à l’esthétique révolutionnaire. Un lieu si innovant qu’il a donné son nom au mouvement dont il promouvait les artistes et artisans : l’Art nouveau. Personnalité incontournable du Paris de 1900, il fut membre du jury de l’Exposition universelle et y présenta un pavillon hors concours qui frappa les esprits.

Un manifeste de l’Art nouveau

Installé sur l’esplanade des Invalides, ce pavillon était un véritable manifeste de l’Art nouveau. Si son architecture était très simple, la décoration intérieure était extrêmement travaillée, avec des décors et du mobilier réalisés par le designer Eugène Gaillard, l’orfèvre Édouard Colonna et le peintre Georges de Feure. Ce dernier exécuta également le décor extérieur du pavillon qui comprenait des panneaux allégoriques, dont cette œuvre.

Après le tissage et la poterie, la verrerie

Pour décorer l’extérieur du pavillon, Feure avait imaginé des allégories représentant les arts appliqués en vogue à la Belle Époque. Afin de reconstituer ce corpus, la Société des amis des musées d’Orsay et de l’Orangerie a acquis en 2015 deux premiers panneaux illustrant la poterie et le tissage. Elle vient de compléter cet ensemble en achetant La Verrerie. Les archives indiquent qu’il existe au moins un autre panneau représentant l’architecture, mais il n’est pas localisé à ce jour.

Des allégories féminines à l’esthétique raffinée

Ces panneaux sont de grandes peintures sur toile, conçues pour être insérées dans les boiseries de la façade. Leur format allongé épousait la structure rectangulaire de ce bâtiment. Les différents éléments retrouvés ont en commun leur esthétique raffinée, et le canon longiligne et serpentin de ces figures évidemment féminines. Artiste symboliste et proche de Baudelaire, Feure était en effet le chantre de la femme fatale.

L’œuvre d’un talentueux touche-à-tout

Surtout connu pour ses peintures et ses affiches représentant des femmes tantôt fleurs, tantôt fatales, Georges de Feure (1868-1943) est un talentueux touche-à-tout. Il s’est également illustré dans la conception de mobilier, de joaillerie, de papiers peints, de vaisselle et de textiles. Ce qui en fait un des principaux acteurs de la quête d’un art total. Il s’est même lancé dans l’aventure de l’aéronautique et a conçu des modèles d’aéroplanes monoplaces !

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°771 du 1 janvier 2024, avec le titre suivant : Un panneau du pavillon bing

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