Musée

Saint-Romain-en-Gal veut changer de dimension

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 6 avril 2023 - 890 mots

Le musée géré par le Département du Rhône a lancé un programme de grands travaux afin de mieux attirer touristes, chercheurs et étudiants.

Vestiges des thermes des lutteurs avec le Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal-Vienne en arrière-plan. © CD69 / Patrick Ageneau
Vestiges des thermes des lutteurs avec le Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal-Vienne en arrière-plan.
© CD69 / Patrick Ageneau

Saint-Romain-en-Gall (Rhône). Longtemps jumelé avec le Musée gallo-romain de Lyon – devenu le Musée Lugdunum –, le Musée de Saint-Romain-en-Gall est le seul à être géré par le Département. Ce dernier lui a accordé, fin 2022, un important budget pour le rénover : 60 millions d’euros pour deux phases de travaux avec l’objectif de faire de ce musée de site – aujourd’hui une référence pour les amateurs d’histoire antique – une étape touristique dans la vallée de la gastronomie et un centre de recherche et de création.

Adapter le site au changement climatique

Ouvert en 1996, le musée bâti sur le site archéologique découvert en 1967 présente une architecture remarquable : l’atelier Chaix et Morel a conçu un bâtiment posé sur pilotis, entièrement vitré pour offrir une vue dégagée sur la ville de Vienne voisine et le Rhône. Innovante, cette architecture est en revanche inadaptée aux enjeux énergétiques actuels et pourrait devenir invivable avec la hausse des températures particulièrement forte dans la région.

Dans un premier temps, les travaux consistent à remettre aux normes le musée pour offrir des conditions de visite acceptables pour les touristes, et de travail pour les agents. La préservation du patrimoine souffre aussi des faiblesses du bâtiment, comme le souligne Émilie Alonso, directrice du musée : « Lors de l’ouverture, les normes et les enjeux de conservation préventive n’étaient pas les mêmes. Il est vrai que notre collection est composée du plus grand corpus français de mosaïques, pas forcément très fragiles. Mais nous avons quand même des objets plus sensibles qui nécessitent une température constante : chose qui nous fait défaut aujourd’hui. »

Le Département envisage des travaux coûteux et complexes : « Quitte à se lancer dans de grands travaux, et sachant que, dans nos musées, il y a des évolutions et de nouveaux modes de consommation culturelle, on s’est dit que nous allions réfléchir à un projet global », explique Martine Publié, vice-présidente du conseil départemental des affaires culturelles. Accompagné par l’agence d’ingénierie culturelle Syllab, le Département prépare depuis plus d’un an la programmation et le cahier des charges – les réponses au concours architectural lancé en décembre seront décachetées par le Département en avril, pour une annonce du lauréat à la fin de l’année – d’un « musée de territoire », qui dépasserait sa vocation première de musée de site archéologique. Le Département a aussi réfléchi à une complémentarité avec le Musée de Vienne, de l’autre côté du Rhône, qui bénéficie lui aussi d’une importante restructuration orchestrée par le Département de l’Isère.

Mise en valeur des fouilles

Les orientations du futur musée ont été fixées dans le premier projet scientifique et culturel (PSC), qui auparavant partageait celui de Lugdunum : un travail lancé en même temps que le premier grand chantier des collections. Le document propose ainsi de mettre l’accent sur l’étude de ces collections, récemment agrandies grâce au soutien de la Direction régionale des Affaires culturelles : le Musée de Saint-Romain-en-Gal devient propriétaire des collections issues des récentes fouilles de Sainte-Colombe, qui ont livré quelques « trésors ». Sur le site du musée, des fouilles vont reprendre, encadrées par un programme de recherches et un comité scientifique, en partenariat avec les universités de la région. Enfin, en vue de la rénovation, le musée souhaite développer une médiation pluri-sensorielle et renforcer le lien entre l’exposition permanente et le site.

La programmation comme le nouveau PSC ont été conçus en un an et demi, afin de pouvoir figurer dans le nouveau contrat de plan État-Région, rendu public en octobre dernier, et qui court jusqu’en 2027. La première phase de la rénovation, budgétée à 25 millions d’euros, profitera ainsi de 3 millions d’euros accordés par la Région et 2,4 millions d’euros de l’État. Elle concerne le grand bâtiment d’accueil, posé le long du pont qui relie Vienne à Saint-Romain-en-Gal, qui abrite l’administration, le restaurant aujourd’hui fermé, et l’atelier de restauration des mosaïques et enduits peints, une singularité du musée. Cette phase inclut aussi le remplacement des petites cabanes de sites, aujourd’hui en tôle ondulée, par des abris qui formeront un parcours extérieur, et permettront de replacer quelques mosaïques in situ.« On va ainsi pouvoir renouveler le discours scientifique, il faut imaginer que dès que l’on entrera dans un abri, il y aura du son, de la réalité augmentée, des pièces authentiques », explique Émilie Alonso. La seconde phase, qui s’achèvera en 2030, prévoit la refonte totale du parcours permanent du grand bâtiment sur pilotis.

Développement de l’œnotourisme

Pôle scientifique, le musée deviendra aussi un chantier école pour les étudiants en archéologie, et un lieu de résidence pour chercheurs et artistes. Le Département espère que le musée rénové sera un levier pour le développement du tourisme associé au secteur viticole local : un atout pour l’œnotourisme en plein essor dans la région. Dans une forme encore indéfinie, une partie du chantier (portant sur le restaurant et des espaces événementiels) sera réalisée en partenariat public-privé avec des maisons Condrieu ou Côte Rotie. « Ce sera aussi un musée qui explique pourquoi le vin est arrivé dans la vallée du Rhône », explique Martine Publié. La conseillère départementale imagine ainsi le séjour d’un importateur américain qui, entre la visite des vignes et la dégustation dans un chai, pourrait découvrir l’histoire viticole de la région.

 

 

Musée et sites archéologiques de Saint-Romain-en-Gal,
RD 502, 69560 Saint-Romain-en-Gal.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°608 du 31 mars 2023, avec le titre suivant : Saint-Romain-en-Gal veut changer de dimension

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