Histoire - Musée

La Cité de l’histoire

Philippe Prudent : « Un discours réducteur dans certains aspects »

Membre de l’Association des professeurs d’histoire-géographie et rédacteur en chef de la revue Historiens & Géographes

Par Héloïse Décarre · Le Journal des Arts

Le 1 mars 2023 - 296 mots

Franck Ferrand explique ses partis pris, critiqués par un représentant de l’Association des professeurs d’histoire-géographie.

« D’ici le début du mois de mai, on devrait avoir pas mal de visites scolaires », assure Franck Ferrand. Mais découvrir 1 200 ans d’histoire en 35 minutes, ou 2 500 ans de civilisation humaine grâce à une frise de quatre cents dates, c’est un peu compliqué. C’est ce que pense Philippe Prudent, membre de l’Association des professeurs d’histoire-géographie et rédacteur en chef de la revue Historiens & Géographes. Selon lui, la Cité de l’histoire, n’a « aucun intérêt scolaire. Il peut être intéressant d’y amener de jeunes enfants, mais pas dans un cadre scolaire », lâche-t-il, en déplorant un « discours assez réducteur dans certains aspects. Pour expliquer la défaite des Français lors de la Première Guerre mondiale, on parle du “drame des tranchées” : c’est très raccourci. »

« C’est moi qui ai conçu le parcours et j’assume la responsabilité de mes choix. En revanche, j’ai consulté des experts extérieurs parce que je voulais que le parcours corresponde à la recherche la plus en pointe », réplique Franck Ferrand. Tout en reconnaissant que résumer une époque en quelques minutes est compliqué. Le parcours évoque rapidement l’esclavage, l’empire colonial et la collaboration. Mais rien sur des périodes plus sensibles, comme la guerre d’Algérie. « Soyons très honnêtes, cela ne va pas dans le sens de ce que l’on voulait dire : je ne voulais pas que cela devienne un parcours de repentance », assume Franck Ferrand.

« On évoque l’histoire par le biais des sentiments ou de la nostalgie, aucune réflexion n’est proposée », regrette Philippe Prudent. Mais dans l’esprit de Franck Ferrand, l’ambition de la Cité de l’histoire n’est pas pédagogique. « Évidemment, le jeune public nous intéresse : on veut créer l’amour de l’histoire, voire des vocations. Mais la Cité, ce n’est pas un cours d’histoire. » 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°606 du 3 mars 2023, avec le titre suivant : « Un discours réducteur dans certains aspects »

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