Musée

Nicolas Misery, son objectif : réinsérer le nouveau Mac dans Marseille

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 23 mai 2023 - 656 mots

MARSEILLE

Directeur des musées de Marseille depuis 2022, Nicolas Misery était auparavant responsable de collections au Musée Albert Kahn (Boulogne-Billancourt) et chef de projet à la Maison européenne de la photographie (Paris).

Après quatre ans de travaux, le Musée d’art contemporain rouvre dans son site historique, alors qu’il y avait débat sur un éventuel déménagement dans un lieu plus central. Pourquoi ce choix ?

Dans une ville aussi étendue que Marseille, la question du maillage territorial est absolument essentielle. Nous avons la chance que ce musée ne soit pas installé dans le centre-ville mais à proximité d’autres publics et proche d’autres équipements comme le Château Borély. Cela permet d’imaginer d’autres territoires culturels et des circulations des publics et, donc, une action culturelle la plus large possible du point de vue géographique. L’objectif est de réinsérer très localement le Mac, afin de renouer le contact avec son immédiate proximité, c’est-à-dire avec les écoles, les centres sociaux, mais aussi avec les gens qui travaillent dans le quartier ou y résident. L’enjeu est aussi d’en faire un vrai lieu de vie. C’est pourquoi la notion d’hospitalité était fondamentale dans le projet architectural, à travers l’ouverture et l’agrandissement du hall qui ajoute de la lumière et de la transparence. Cela crée immédiatement une porosité et un lien entre le musée et son environnement. Le deuxième point qui est important pour en faire un lieu de vie, c’est la création du rooftop, qui offre un lieu de détente donnant sur la nature et permettant aux riverains et aux visiteurs de venir voir une exposition, une conférence ou un spectacle, mais aussi tout simplement de profiter du musée comme d’un lieu de repos et de détente. D’autant qu’il n’y a pas beaucoup de lieux de convivialité dans le quartier de Bonneveine.

Lors de l’inauguration, le maître-mot était le plaisir. En quoi cette notion a-t-elle façonné le projet ?

C’est quelque chose qui est apparu de manière très organique au fur et à mesure que nous voyions ce musée se transformer, et qui a guidé nos choix au moment de penser le parcours permanent. Nous voulions transmettre le plaisir de la redécouverte de cette collection en la montrant de manière très généreuse. Elle n’avait jamais été présentée de manière aussi ambitieuse ni avec un récit aussi réfléchi. De plus, un tiers des cent cinquante œuvres du parcours ont été restaurées. Notre ambition est non seulement de faire en sorte que les Marseillais se réapproprient leurs collections, mais aussi de montrer leur importance d’un point de vue national et international. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur la question du discours en repensant la manière de nous adresser à notre public. Nous avons ainsi adopté le point de vue d’une personne qui ne connaîtrait pas l’art contemporain, qui n’aurait pas l’habitude de fréquenter les musées et qui, peut-être, s’interrogerait sur sa propre légitimité à venir dans un musée d’art contemporain.

Quelles sont les autres nouveautés du parcours ?

Nous avons davantage axé notre propos sur la dimension méditerranéenne de nos collections alors que, par le passé, il y a eu une tendance à ne pas suffisamment penser le fait méditerranéen dans les musées de Marseille. C’est désormais central dans la présentation du parcours, mais aussi dans nos acquisitions. Nous avons également souhaité interroger la scène marseillaise des années 1960 à nos jours et lui redonner toute sa place dans l’art contemporain.

Mac

Inauguré en 1994, le musée s’est rapidement imposé par sa politique d’expositions pointues, dont certaines ont fait date. Son importante collection n’était en revanche guère valorisée auparavant.


5 millions

C’est le montant des travaux de rénovation. Les principaux enjeux du chantier sont la remise aux normes de conservation préventive et le réaménagement afin de créer un parcours fluide et modulable.

 

« Après la mue assez spectaculaire de son bâtiment, le Mac rouvre au bout de quatre ans de travaux et d’incertitudes, et présente un nouvel accrochage généreux de sa collection. » Emmanuelle Jardonnet, Le Monde, 7 avril 2023.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°765 du 1 juin 2023, avec le titre suivant : Nicolas Misery - Objectif : réinsérer le nouveau Mac dans Marseille

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