Le Getty fait monter les prix

Gentileschi et Le Guerchin excitent les convoitises

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 373 mots

Même s’ils n’ont pas réussi à acquérir Les Trois Grâces de Canova, les responsables du J. Paul Getty Museum ne se découragent pas. Ils considèrent désormais que la seule façon d’acheter des œuvres majeures conservées dans les collections britanniques est d’en offrir un prix astronomique, à faire blêmir le Comité de contrôle des exportations (Export Reviewing Committee). Deux tableaux du Guerchin et de Gentileschi destinés au musée américain pourraient ne pas quitter l’Angle­terre… si les fonds nécessaires à leur rachat sont réunis.

LOS ANGELES (MALIBU) - Le Getty Museum a déboursé 14 millions de livres (106 millions de francs) pour une Sainte Famille tardive de Fra Bartolommeo, achetée à Deborah Gage et provenant de la donation Firle Place ; l’œuvre faisait auparavant partie de la collection du comte Cowper à Pashanger. L’année dernière, le musée avait déjà acquis, de la même donation, une Tête de Christ du Corrège. Le Getty Museum avait depuis longtemps des visées sur cette Sainte Famille. Voici cinq ans, George Goldner, alors conservateur du département Peinture, en proposait sans succès 6 millions de livres.

Timothy Clifford, directeur des National Galleries of Scotland, à Édimbourg, qui souhaitait également acquérir l’œuvre, avait dû reculer devant la somme exigée par Deborah Gage. Il a néanmoins tenté d’acquérir deux toiles importantes du XVIIe siècle italien – Renaud et Armide du Guerchin, et Moïse sauvé des eaux, d’Orazio Gentileschi –, également destinées au Getty Museum, par l’entremise de Simon Dickenson. Ces deux œuvres se trouvent dans la collection de Castle Howard depuis le XVIIIe siècle.

La somme requise pour le tableau du Guerchin varie du simple au double : le prix demandé à Timothy Clifford était de 2,5 millions de livres (19 millions de francs), alors que celui demandé au Getty Museum est de 4,8 millions (36 millions de francs). Le National Lottery Fund a rejeté la demande d’aide de Timothy Clifford, et seuls des fonds privés pourraient empêcher les deux chefs-d’œuvre de quitter le territoire anglais. Encore faut-il les réunir. Une rude tâche pour le directeur du musée écossais, avec une lueur d’espoir toutefois : tout le monde était convaincu que le Getty obtiendrait Les Trois Grâces, aujourd’hui exposées alternativement au Victoria & Albert Museum, à Londres, et… aux National Galleries of Scotland.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Le Getty fait monter les prix

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque