Le filon des filiales

Le Museum of Fine Arts de Boston essaime au Japon

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 18 décembre 1998 - 489 mots

À l’instar du Guggenheim, le Museum of Fine Arts de Boston ouvre une “filiale�? : au Japon, il présentera une partie de sa collection contre une redevance annuelle d’un million de dollars (environ 5,7 millions de francs). Cette politique, rentable financièrement et en termes d’image, semble gagner du terrain puisque l’Ermitage étudie également un projet de création d’un centre d’exposition à Amsterdam.

LONDRES - Un petit frère du Museum of Fine Arts de Boston va bientôt voir le jour à Nagoya, au Japon. Les locaux, répartis sur les trois niveaux inférieurs d’un complexe hôtelier de 31 étages, sont pratiquement achevés. Quant aux collections, elles proviennent toutes du musée américain et devraient être visibles dès le 17 avril.

La galerie de l’étage supérieur abritera des expositions de longue durée, renouvelées tous les cinq ans, et sera inaugurée avec “l’Art de la Méditerranée antique”, un ensemble de 220 œuvres, depuis les céramiques préhistoriques égyptiennes jusqu’aux fresques de Pompéi. Cette partie comprendra aussi un “espace japonais” où seront présentées par rotation des œuvres nippones, provenant également de la collection de Boston, l’une des plus riches au monde hors du Japon.

Le rez-de-chaussée sera consacré aux services d’accueil, tandis que l’étage intermédiaire proposera deux expositions temporaires par an, d’une durée de cinq mois chacune. Significativement, c’est “Monet, Renoir et le paysage impressionniste” qui fera l’ouverture, afin de satisfaire le goût immodéré des Japonais pour l’Impressionnisme.

De l’aveu même de Malcolm Rogers, directeur du musée de Boston, les œuvres réclamées par les Japonais ont été la principale pierre d’achoppement pour parvenir à un accord. “Au départ, ils ne voulaient que des tableaux impressionnistes et de l’art japonais, mais j’étais convaincu que le nouveau musée devait présenter des pièces reflétant l’ensemble de la collection de Boston”, explique-t-il. La sélection n’a donc pas été facile, d’autant qu’il a fallu puiser dans l’accrochage permanent pour fournir l’établissement nagoyais. Mais les réserves du Museum of Fine Arts sont suffisamment riches pour permettre de remplacer efficacement les vides laissés dans le parcours.

Un accord de 35 millions de dollars
Le projet japonais est géré par la Fondation pour les arts de Nagoya. Pendant vingt ans, elle versera au musée de Boston une redevance annuelle d’un million de dollars (5,7 millions de francs), à laquelle s’ajouteront trois subventions de 5 millions (28,5 millions de francs), soit un coût total de 35 millions de dollars (environ 200 millions de francs). Le musée américain devrait dégager des bénéfices importants, la fondation de Nagoya prenant en charge les frais engagés.

Du reste, le directeur adjoint Brent Benjamin concède que l’aspect financier de l’opération est “très intéressant”, les sommes versées étant affectées au budget de fonctionnement du musée. Mais ce n’est pas le seul but recherché. "Nous entretenons des échanges avec le Japon depuis le XIXe siècle, explique-t-il, et depuis les années quatre-vingt, nous y envoyons des expositions presque chaque année. Faire connaître notre collection encyclopédique, unique dans ce pays, relève pleinement de notre mission."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°73 du 18 décembre 1998, avec le titre suivant : Le filon des filiales

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque