L’Albertina sort de l’ombre

Ouverture de l’Académie Albertina à Turin

Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 578 mots

La récente ouverture au public de la pinacothèque de l’Aca­démie Albertina à Turin est un événement. Sa collection est en effet l’une des plus riches et des plus variées jamais réunies par une académie italienne, et sans doute la seule à être demeurée dans son intégrité jusqu’à nos jours. Les œuvres de Filippo Lippi, Mattia Preti, Bartholomeus Breenbergh, Jacob Jordaens… sont aujourd’hui accrochées dans une douzaine de salles entièrement rénovées.

TURIN - Le projet d’ouvrir l’Aca­démie Albertina au public, tout en préservant la mission pédagogique qu’elle a toujours remplie auprès des étudiants, a été mis en œuvre par son président, Antonio Maria Marocco, et surtout par Carlo Giuliano, nommé directeur en 1992. C’est ce dernier qui s’est attaché à redéployer la pinacothèque, auparavant à l’étroit dans cinq salles. Il a su tirer parti de la bibliothèque historique, de la gypsothèque, de la collection de sculptures, et restructurer les salons d’apparat afin d’accroître les espaces d’exposition. La salle des Cartons constitue le point fort de ce réaménagement, conçu par les architectes Roberto Pagliero et Stefano Trucco. Soixante dessins de grandes dimensions de maîtres piémontais, dont Gaudenzio Ferrari, Gerolamo Giovenone et Bernardino Lanino, y sont présentés à tour de rôle sur trois des murs, où ils sont éclairés à l’aide de fibres optiques. D’autres sont accrochés sur des supports métalliques coulissants, qui demeurent dans la pénombre afin de répondre aux exigences de la conservation et de la consultation.

Coût : 8 millions de francs
Quatre-vingts pour cent des peintures sont aujourd’hui exposées, et nombre d’entre elles ont fait l’objet de nouvelles attributions, quand elles n’ont pas été redécouvertes dans les réserves, comme celles de Francesco Cairo. Les tableaux sont rassemblés thématiquement, mais la visite s’effectue par ordre chronologique, des primitifs aux artistes du XIXe siècle : Span­zotti, Filippo Lippi, Giovanni Battista Carlone, Isidoro Bianchi, Bartolomeo Cavarozzi, Mattia Preti, Bartholomeus Breenbergh, Jacob Jordaens, Francesco Fontebasso, Fran­cesco Trevisani, Daniele Sey­ter… L’accrochage maintient la distinction entre les deux grands legs qui sont à l’origine de la collection (lire encadré) et témoigne également de l’activité des artistes qui ont étudié à l’académie.

Le coût d’aménagement des douze salles où sont désormais présentées ces œuvres s’est élevé à 2,3 milliards de lires (8 millions de francs), couvert en partie par le Conseil pour la valorisation des Biens artistiques et historiques du Piémont, qui s’occupe également de la gestion du musée. C’est le huitième projet financé à Turin par cette association créée en 1987. Elle déjà consacré 7 milliards de lires (24 millions de francs) à la restauration, entre autres, des façades des églises San Filippo Neri, San Carlo et Santa Cristina. La contribution essentielle provient néanmoins de l’État, par l’intermédiaire de la surintendance pour les Biens architecturaux et artistiques. Cette dernière a notamment assuré le récolement et la restauration de toutes les œuvres.

Fondée au début du XVIIe siècle, L’Académie Albertina tire ses origines de l’Université des peintres, sculpteurs et architectes, dont la création remonte au début du XVIIe siècle. C’est la plus ancienne d’Italie, après la célèbre Académie de San Luca à Rome, fondée en 1578. Maria Giovanna Battista de Savoie, la veuve de Charles-Emmanuel II, lui donne le nom d’Académie des peintres, sculpteurs et architectes en 1678, puis Charles-Albert, roi de Piémont-Sardaigne, la refonde à son tour en 1830, en lui faisant don d’un palais remanié dans le style néoclassique. Deux legs majeurs sont à l’origine de ses collections : celui de l’archevêque Vincenzo Maria Mossi di Morano (1824-1829) et celui de Charles-Albert (1832).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : L’Albertina sort de l’ombre

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