Collection - Musée

La pendule aux quatre muses

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 21 novembre 2023 - 433 mots

Un an après sa réouverture, le Musée des arts précieux Paul Dupuy, à Toulouse, s’offre une exceptionnelle horloge du XVIIIe siècle.

MUSÉE ÉCLECTIQUE

Il y a tout juste un an rouvrait à Toulouse un lieu inclassable : le Musée des arts précieux Paul Dupuy. Cet établissement éclectique est bien connu des amoureux des objets d’art, car il renferme de fastueuses collections de textiles, de verreries, de meubles, de trésors religieux, mais surtout d’horlogerie ancienne. Le clou de la visite est en effet le cabinet du temps qui présente des pièces spectaculaires, remontant pour certaines à la Renaissance ! Ce cabinet vient de s’enrichir d’une pendule extraordinaire.

OBJET RARISSIME

La Ville de Toulouse a en effet acquis avec le soutien du Fonds du patrimoine un objet rarissime et très convoité : la pendule aux quatre saisons aux heures tournantes. Cette superbe pièce, achetée grâce au droit de préemption, affiche des mensurations hors du commun :1,53 m de haut et 65 cm de diamètre. Les élégants personnages ont été sculptés dans le marbre blanc, tandis que la sphère est composée de métal émaillé polychrome, imitant en trompe-l’œil le lapis-lazuli.

Merveilleuses allégories

Comme souvent dans l’univers horloger, la composition est truffée d’allusions allégoriques. Les figures féminines traditionnellement désignées comme des muses sont en réalité les saisons, chacune étant identifiable à ses attributs. Celles de l’automne et de l’hiver sont ainsi drapées à l’antique tandis que celles du printemps et de l’été sont nus et tiennent des couronnes de fleurs. Elles désignent l’heure dans un cartouche de leur main gauche, tandis que la sphère présente quatre guichets à chiffres romains et arabes.

CRÉATEURS DE RENOM

Cette pièce exceptionnelle, tant par sa conception que par sa qualité d’exécution, est le fruit d’une collaboration entre deux créateurs de renom. Le mouvement très élaboré est ainsi signé « Le Paute horloger du Roy », tandis que les sculptures sont l’œuvre de Jacques-Philippe Le Sueur (1757-1830). Prix de Rome de la sculpture, il a en effet participé à des chantiers majeurs de la fin du XVIIIe siècle comme le tombeau de Jean-Jacques Rousseau, le Panthéon, l’Arc de triomphe ou encore le palais du Luxembourg.

Chef-d’œuvre révolutionnaire

Cette pièce est emblématique du goût qui s’épanouit durant la Révolution française, notamment de l’engouement pour l’Antiquité et les figures féminines. L’objet a d’ailleurs été commandé pour un lieu caractéristique de la fin du XVIIIe : une folie. La Folie Beaujon, typique avec ses appartements galants et ses escaliers secrets, a été rachetée en 1798 par Ignace Vanlerberghe. Ce fournisseur en grains et fourrage avait fait fortune en approvisionnant les armées de la République puis de Napoléon.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : La pendule aux quatre muses

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