Turquie - Syrie - Patrimoine

Patrimoine mondial

En Turquie et en Syrie, plusieurs sites patrimoniaux détruits par le séisme

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 15 février 2023 - 535 mots

La ville d’Antioche a été la plus touchée par les destructions 
de patrimoine en Turquie. En Syrie, Alep serait très affectée.

Istanbul, Damas. Avec un bilan provisoire de 35 000 victimes au 13 février, le double séisme du 6 février se révèle l’un des plus meurtriers dans cette région située à la jonction de trois plaques sismiques. Preuve de la violence du tremblement de terre, des milliers d’immeubles et de bâtiments publics se sont effondrés, dont de nombreux monuments et sites patrimoniaux. En Turquie, selon le ministère de la Culture et du Tourisme, la citadelle de Gaziantep remontant au Ier millénaire avant l’ère chrétienne a vu son mur d’enceinte détruit par des éboulements. Cette citadelle fortifiée héberge un musée de la Première Guerre mondiale qui semble intact : le communiqué officiel évoque cependant « des recherches plus poussées pour évaluer les dommages » causés au monument, qui était en cours de rénovation.

Plusieurs autres villes de cette région frontalière avec la Syrie ont été affectées, comme Malatya où des églises et mosquées qui avaient résisté aux séismes précédents se sont effondrées. Concernant le site préhistorique de Göbekli Tepe, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, le ministère turc de la Culture se veut rassurant, mais l’Unesco exprime des inquiétudes : les mégalithes datant du Xe millénaire avant l’ère chrétienne pourraient avoir subi des dommages. Idem sur les sites antiques de Nemrut Dag (le mont Nemerud, Ier siècle après J.-C.) et celui d’Arslan Tepe (IVe millénaire avant l’ère chrétienne), également inscrits au patrimoine mondial, où l’ampleur des dégâts reste à évaluer selon l’Unesco. 

Alep, des informations parcellaires
Les principales destructions de patrimoine se concentrent dans la région d’Antakya, nom turc de la ville gréco-romaine d’Antioche. Les témoignages locaux évoquent une ville « entièrement détruite », y compris l’unique synagogue et de nombreuses églises orthodoxes. Antakya abritait en effet une des dernières communautés juives de Turquie, ainsi que plusieurs communautés chrétiennes. Du côté des musées enfin, à part le Musée archéologique de Hatay, aucun musée n’a été endommagé, a déclaré le ministère turc de la Culture.
La situation est plus préoccupante en Syrie, où les informations sont parcellaires en raison de la guerre civile. Dans l’ouest du pays, la ville d’Alep a particulièrement souffert des séismes, et l’Unesco exprime son inquiétude au sujet de la vieille ville, sur la Liste du patrimoine mondial en péril depuis 2013. Des bâtiments anciens classés se sont effondrés et la grande mosquée serait endommagée, alors qu’elle a été restaurée à la suite des violents combats entre rebelles et troupes du régime. Le séisme a aussi touché la citadelle médiévale de la ville, lieu hautement touristique. La Direction générale des antiquités et des musées (DGAM) a fait savoir que les murailles et les bastions du monument ont été endommagés. Selon la DGAM à Homs et Tartous, « plusieurs minarets de mosquées se sont effondrés » ainsi que des « immeubles historiques classés ». Le patrimoine bâti a été particulièrement touché selon l’Unesco, et la DGAM déclare rester attentive aux « bâtiments fissurés attenant aux sites patrimoniaux » susceptibles de s’effondrer. La zone de Syrie où le séisme a été le plus violent se trouve au cœur de la guerre civile et concentre plusieurs dizaines de sites patrimoniaux remarquables, ce qui complique la tâche de l’Unesco et de la DGAM pour évaluer les dommages.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°605 du 17 février 2023, avec le titre suivant : En Turquie et en Syrie, plusieurs sites patrimoniaux détruits par le séisme

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