Suisse - Musée

Éloge de la folie de Jean Tinguely

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 23 mai 2023 - 414 mots

À Bâle, le Musée Tinguely fait resurgir une spectaculaire machine conçue en 1966 par le génial inventeur suisse pour le ballet Éloge de la folie.

Réalisme

Artiste suisse emblématique, Jean Tinguely (1925-1991) fait partie des cofondateurs du nouveau réalisme, mouvement d’avant-garde prônant « le recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire ». Chacun à leur manière, peintres, sculpteurs ou performeurs détournent ainsi les objets les plus représentatifs de la société de consommation d’après-guerre pour en dénoncer les travers ou créer un décalage lyrique. Le mouvement est souvent présenté comme le pendant contestataire du pop art.

Machine

Dessinateur, peintre et sculpteur, Tinguely cumule les casquettes. Il est surtout connu pour ses incroyables machines. À partir de 1959, il se lance dans la conception de machines à peindre parodiant le mouvement caractéristique de l’expressionnisme abstrait, il invente aussi de grands assemblages cinétiques et bruyants composés d’éléments du quotidien et de déchets collectés dans les ferrailleries. Ses créations spectaculaires intègrent souvent une dimension participative pour le spectateur.

Art total

Éloge de la folie est une pièce atypique parmi les machines de Tinguely. Il s’agit en effet d’un immense rideau de scène créé pour le ballet éponyme du chorégraphe Roland Petit. Conçu comme une œuvre d’art totale, ce spectacle contemporain en neuf scènes a fait collaborer quelques-uns des meilleurs artistes de l’époque : Jean Cau pour le texte, Marius Constant pour la musique, le peintre Martial Raysse pour les décors, sans oublier Niki de Saint Phalle pour les décors et les costumes.

Rouage

Exécuté en 1966, le rideau destiné à l’arrière de la scène se présente comme un immense rouage plat de près de 8 m de long sur plus de 5 m de haut. Il représente un homme chevauchant un vélo qui active l’ensemble des rouages de la machine par un système de courroies de transmission ainsi qu’un circuit à boules. Ce mouvement actionne les grandes roues en bois peintes en noir rétroéclairées par plusieurs projecteurs de cinéma générant une esthétique proche des ombres chinoises.

Redé-couverte

Après avoir pris sa retraite de la scène, l’œuvre a été présentée à plusieurs reprises dans des expositions, avant d’être vendue à une grande collection privée et invisible pendant vingt ans. Acquise aujourd’hui par le Musée Tinguely, elle se dévoile à nouveau au public et s’impose même comme la pépite du tout nouveau parcours permanent de l’établissement monographique situé à Bâle. Ce nouveau circuit intitulé « La roue = c’est tout » fait la part belle à la question du mouvement dans l’œuvre de Tinguely.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°765 du 1 juin 2023, avec le titre suivant : Éloge de la folie de Jean Tinguely

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