Abkhazie - Incendie

Abkhazie, un incendie ravage le Musée national des beaux-arts

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 25 janvier 2024 - 406 mots

SOUKHOUMI / ABHKAZIE

Près de 4 000 œuvres du XXe ont été détruites, soit la quasi-totalité de la collection de cette région séparatiste de Géorgie.

Un incendie s’est déclaré dimanche 21 janvier dans le bâtiment qui abrite toute la collection d’art pictural abkhaze, détruisant près de 4 000 œuvres d’art du XXe. Seules 200 peintures ont survécu, sauvées par des habitants qui se sont précipités pour les sortir du bâtiment en feu. C’est une perte inestimable pour cette ancienne république autonome de Géorgie, dont l’indépendance – proclamée en 1992 – n’est reconnue que par la Russie et six autres États alliés.

La cause de l’incendie n’a pas encore été déterminée. Suram Sakaniya, le directeur du musée l’attribue à un court-circuit dans le câblage électrique. Les autorités locales assurent enquêter sur tous les scénarios possibles, y compris celui d’un incendie criminel.

Pour Suram Sakaniya, la disparition de cette collection est une véritable tragédie. « C’est un dommage irréparable pour nous, il est impossible d’évaluer les préjudices causés ainsi à la culture abkhaze », s’afflige-t-il auprès du journal local Apsnypress. Olga Lyubimova, la ministre russe de la Culture, a promis l’aide de spécialistes russes pour la restauration des peintures qui ont survécu.

Rassemblée depuis 1963, la collection était conservée au deuxième étage du hall central des expositions, au cœur de la ville de Soukhoumi (65 000 habitants), la capitale du territoire. Elle comprenait des œuvres d’artistes locaux et russes, disparus tels Varvara Boubnova (1886-1983) ou actifs tels Serguey Sangalov (né en 1959) ou Alexander Gabelia (né en 1984). Parmi les œuvres détruites, 300 étaient réalisées par le peintre et scénographe Aleksandr Chachba-Sharvashidze (1867-1968), une figure importante de l’art abkhaze.

La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili considère que l’incendie est « une conséquence directe de la négligence à l’égard de l’identité culturelle tant de la part des dirigeants que des occupants russes ». La collection était en effet conservée dans de très mauvaises conditions, entassée sans protection dans des petites pièces et couloirs étroits d’un bâtiment partagé avec l’Union des artistes d’Abkhazie. Les autorités locales s’étaient engagées à construire un édifice spécifique pour que les œuvres puissent être convenablement exposées, sans que cette promesse ne se soit jamais concrétisée. En 2016, le directeur Suram Sakaniya avait lui-même décrit les locaux comme « non adaptés au stockage de peintures, ni à leur exposition de quelque manière que ce soit ». Cette situation résulte d’une aide insuffisante de la part de l’État abkhaze, qui a alloué 30 millions de roubles (environ 310 000 euros) à la culture en 2023.

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