L’artiste contemporain Patrick Rubinstein réinvente le Kinetic Op Art en mêlant mouvement, perception et réalité dans une œuvre qui se découvre en marchant.

Dans le silence feutré des galeries, quelque chose bouge. Non pas à la manière frénétique des écrans qui saturent nos quotidiens, mais avec cette lenteur organique qui force le regard à s'attarder. Patrick Rubinstein s'inscrit dans un mouvement qui continue d'explorer les frontières entre perception et réalité : le Kinetic Op Art trouve sous ses mains une expression contemporaine, intime et troublante.
L'héritage en mouvement
Le Kinetic Op Art naît dans l'effervescence des années 1960, porté par des artistes comme Victor Vasarely, Jesús Rafael Soto ou Yaacov Agam. Leur quête commune : faire de la perception une expérience physique, transformer le regard passif en exploration active. Les structures vibrent, les formes se métamorphosent, le spectateur devient l'agent indispensable de l'œuvre.
Ce qui fascine alors – et fascine encore – tient dans cette promesse simple : l'art n'est plus seulement à contempler, il est à vivre. Le corps se déplace, l'œuvre se transforme. Chaque pas révèle une nouvelle vérité.
Une technique héritée de Yaacov Agam
Patrick Rubinstein, né en 1960 à Paris, reprend dans les années 2000 une technique en pyramides. Des facettes verticales alternent les fragments de plusieurs images. Lorsque le spectateur se déplace latéralement, son angle de vision change, et avec lui, l'œuvre entière bascule.
« L'œuvre n'existe pleinement que dans le mouvement du spectateur. Sans ce déplacement, elle reste incomplète, suspendue entre deux réalités. »

Sous un angle, une caisse en bois barrée de rubans FORTE, FRAGILE ; de l’autre, la Vénus de Milo qui y repose. Patrick Rubinstein réinterprète la célèbre sculpture antique en renversant sa lecture : derrière l’apparente vulnérabilité, une force intacte se révèle. Cette métamorphose n'a rien de magique – elle est géométrie pure, calcul millimétré – et pourtant, elle conserve intact son pouvoir d'émerveillement.
Le processus créatif se déploie en quatre temps :
- Concevoir deux ou trois images complémentaires qui dialoguent
- Découper chaque image en bandes verticales infinitésimales
- Assembler les fragments selon un calcul anticipant chaque angle de vue
- Ajuster manuellement pour garantir la fluidité de la transition
Le moindre décalage briserait l'illusion. Chaque œuvre est assemblée manuellement, artisanalement, dans un dialogue constant entre matière et lumière.
Une poétique des symboles
Là où l'abstraction géométrique régnait dans sa radicalité la plus pure chez les pionniers du mouvement, Rubinstein choisit le symbole et la narration. Ses œuvres parlent un langage immédiatement lisible :
- Papillons : symboles de métamorphose et de liberté
- Le mot LOVE : message humaniste universel
- Utilisation de l'or : référence à l'art sacré et quête de transcendance
Les feuilles d'or et d'argent qui parcourent certaines compositions convoquent l'art sacré, cette quête de transcendance qui traverse les époques. Ces matériaux nobles créent des jeux de reflets qui amplifient la métamorphose visuelle.
Le corps retrouvé
Dans un monde saturé d'images numériques, où tout se consume instantanément derrière des écrans, le travail de Rubinstein réintroduit la dimension corporelle de l'expérience esthétique. Pour voir l'œuvre, il faut marcher. Pour comprendre la transformation, il faut expérimenter physiquement le passage d'un point de vue à l'autre.
Cette lenteur imposée devient précieuse. Le spectateur ne peut pas accélérer la révélation – elle s'offre au rythme de ses pas. Chaque mouvement dévoile un fragment supplémentaire, chaque angle apporte sa nuance. Et même après plusieurs passages, le moment exact du basculement conserve sa part de mystère.
Une légitimité qui s'affirme
Les institutions muséales ont progressivement reconnu la place singulière de Rubinstein dans l'évolution du cinétisme. Collections permanentes et expositions temporelles établissent un dialogue entre son travail et celui des maîtres historiques du mouvement, révélant les filiations autant que les innovations.
Cette présence dans les espaces patrimoniaux ancre son œuvre dans une continuité historique. Elle montre aussi que le Kinetic Op Art n'appartient pas au passé : il continue de se réinventer, de s'adapter aux sensibilités nouvelles, de trouver des réponses aux questions que pose notre rapport contemporain à l'image.
Prolonger sans trahir
Dans le déplacement du spectateur devant l'œuvre de Rubinstein se rejoue, soixante ans plus tard, la promesse originelle du Kinetic Op Art : faire de la vision une aventure, du regard une expérience, de l'art un dialogue entre le corps et l'espace. Cette promesse, manifestement, n'a rien perdu de sa force.
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Publi-information diffusée en partenariat avec l’artiste Patrick Rubinstein.






