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Photo London peut faire mieux

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 22 mai 2024 - 666 mots

La Foire a présenté une offre de qualité, ajustée au goût des Britanniques, mais a peiné à faire venir les marchands.

Londres (Angleterre). La 9e édition de la Foire Photo London, qui s’est terminée le 20 mai à Somerset House, a attiré son lot de collectionneurs passionnés par la scène musicale anglaise. Nulle part ailleurs on ne trouvera de galeries concentrant leur offre sur des portraits de stars – les Beatles et David Bowie en tête –, de grandes figures du jazz ou de pop anglo-saxonne mais aussi d’artistes et d’acteurs. Le public et les collectionneurs anglais sont de grands amateurs de ce genre de photographie. Pour preuve, le succès de l’exposition « Fragile Beauty », actuellement au Victoria and Albert Museum, consacrée à la collection d’Elton John et David Furnish. On retrouvait d’ailleurs quelques pièces de leur collection sur certains stands de la foire. Non sans succès. Il y avait foule sur celui de Camera Eye (Londres), la société qui commercialise le travail de David Bailey. Il est vrai que la sélection offrait un panel étonnant de portraits et de nus dont celui de Damien Hirst tirant son sexe avec une moue espiègle qu’aucune autre foire n’aurait accepté d’exposer.

Des photographies surtout contemporaines

Photo London reflète les goûts et les attachements culturels et artistiques des Britanniques. Le portrait, la nature, les fleurs et les animaux se déclinent en couleur et en grand format. Tout genre confondu, la photographie contemporaine domine, particularité qui la distingue depuis le début de Paris Photo et de Photography Show de New York. La qualité de l’offre était, cette année, supérieure avec des solo shows de bonne tenue, tel celui de la galerie Bacqueville (Lille) consacré à Thomas Devaux ou celui du galeriste berlinois Robert Morat qui présentait la série « Fugue » de la photographe anglaise Lydia Goldblatt.

Le secteur principal de la Foire regroupait moins de galeries que l’année passée (70 contre 88 en 2023), avec un secteur « Discovery » équivalent à celui de l’an dernier (24 contre 23). Le renouvellement constant du parterre des galeries françaises comme l’absence des grandes galeries américaines tels Howard Greenberg ou Yossi Milo, présents lors des premières éditions, reflètent la difficulté de Photo London à mobiliser les marchands, y compris du côté des grandes galeries londoniennes comme Hamiltons. La présence de Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) s’expliquait par l’exposition de Valérie Belin, lauréate du prix Photo London Master of Photography 2024, organisée au sein de la Foire, et le retour de Thomas Zander (Paris) par l’invitation de Michael Benson et Fariba Farshad, fondateurs de la foire. « Ce n’est pas plus difficile de convaincre qu’avant mais tout le monde doit travailler dur désormais », souligne Michael Benson.

De fait, le marché de la photo est plus que morose. Il connaît une recomposition profonde tant au niveau des collectionneurs que des galeries photo « locomotives » de plus en plus supplantées par des galeries d’art contemporain. Les goûts et les pratiques à l’achat de la nouvelle génération de collectionneurs différent de leurs aînés.

Aujourd’hui, une galerie qui souhaite participer à une foire doit faire des choix : le coût pour se rendre sur place – surtout à Londres et à New York – est mis en balance avec le prix de vente d’une photo (en moyenne entre 1 500 et 4 500 euros). C’est peu rentable. En avril dernier, si le retour de Photography Show à New York a drainé bien plus de galeries françaises que ces dernières années, les résultats de ventes furent en demi-teinte pour la plupart. À Photo London, il semble que ce soit aussi le cas même si les organisateurs annoncent une année bien meilleure que la précédente.

À la différence de Photography Show où les institutions américaines viennent acheter, Photo London attire un autre type de clientèle : « Ici, je ne vends pas à des musées mais à des collectionneurs que je ne verrai qu’une fois », souligne Sophie Scheidecker (Paris) dont la sélection réunissait dans un bel accrochage Justine Tjallinks, Peter Ujar, Nan Goldin, Robert Mapplethorpe et Jean-Baptiste Huynh.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°634 du 24 mai 2024, avec le titre suivant : Photo London peut faire mieux

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