L’ouverture du musée Pinochet divise le Chili

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 22 décembre 2008 - 422 mots

SANTIAGO (CHILI) [22.12.08] – L’ouverture le 15 décembre d’un musée dédié à l’ancien dictateur Augusto Pinochet, à Santiago, provoque un intense débat au Chili.

Le 15 décembre, quelques jours après le début de la construction du Musée de la Mémoire et des Droits de l’Homme de Santiago, un autre musée ouvrait ses portes au public chilien. Ironiquement, ce dernier est dédié au général Augusto Pinochet, le dictateur sud-américain mort en 2006 qui s'était maintenu au pouvoir de 1973 à 1990. Pendant ces 17 ans, à peu près 3 000 opposants au régime ont été assassinés.

Installé dans l’ancienne maison du dictateur, le musée a pour pièce principale le dernier bureau de Pinochet. On y trouve un peu de tout : sa collection de petits soldats et de médailles, des statues de Napoléon, plusieurs cadeaux des présidents américains Richard Nixon et Ronald Reagan, des bustes en bronze du dictateur et de quatre des dirigeants de la junte militaire et l’uniforme porté lors du coup d’Etat de 1973 contre Salvador Allende.

La Fondation Pinochet, en charge de la promotion de son héritage, a financé le projet. Selon le général de division Luis Cortes Villa, directeur de la Fondation Pinochet, le musée cherche à modifier la mauvaise réputation du général. « Nous voulons montrer à une nouvelle génération la place qu’il a eu dans ce pays, sa vie, son travail. Nous allons accueillir des groupes scolaires et montrer par tous ses cadeaux comment il a été respecté partout dans le monde », a raconté Cortes Villa au Guardian.

Avant sa mort en 2006, Augusto Pinochet a été accusé d’avoir commis de nombreux crimes contre l’humanité, mais n’a jamais été jugé. Quant aux Chiliens, ils restent divisés, tant à l’égard du personnage que du musée ouvert à sa mémoire.

Quand le sénateur socialiste Jaime Naranjo a reçu une proposition de transformer le musée Pinochet en monument historique, il l’a tout de suite réfutée, en la définissant comme le « musée de l’horreur ». Il a affirmé au journal El Observatodo que « ce projet est une forme dissimulée de reconnaissance à l’ancien dictateur, chose inacceptable pour la majorité des chiliens ».

Mais Pedro Matta, un opposant à Pinochet torturé en 1975, voit le musée comme un signe que le pays commence à accepter son passé. « Cela démontre que le pays a beaucoup changé depuis la dictature. Le fait d’ouvrir un musée sur Pinochet montre qu’aujourd’hui nous sommes libres pour exprimer nos différences et nous ne craignons pas les différences », a-t-il expliqué à la BBC.

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