L’œuvre de la vie

Par James Benoit · L'ŒIL

Le 26 juin 2017 - 195 mots

Roman -  Ludwig est un amateur d’art. Amoureux d’art, insatiable, affamé.

Les habitants de la Terre ne sont définitivement pas de son monde, pas même les artistes. La guerre mondiale qui ravage l’Europe lui offre l’opportunité unique de prendre possession des œuvres rares des collections parisiennes pour le compte du régime nazi. Dans son attachement passionnel à accomplir minutieusement son travail de dénicheur, d’accumulateur, il devient l’œil avisé de Goering, la griffe préhensile d’Hitler, un rapace des musées. Son destin tout tracé le ramène fatalement à l’art d’aimer en la rencontre de Lucette, personne de corps et de cœur, qui semble dotée du pouvoir de l’initier à l’humanité. Entre les calculs de l’art et la poésie de la réalité, la matière de la peinture et celle de la chair, l’acte d’amasser, celui de rencontrer, avoir et être, c’est l’âme, en son état, qui fait son grand retour dans la danse de l’existence. Et plus précisément, cette fable sombre qui prend pied dans l’Histoire questionne notre aveuglement confortable d’amateurs amoureux attachés aux critères de culture et aux biens matériels face à ce qu’il reste de notre aptitude, toujours très actuelle, à l’ouverture au monde et à l’autre.

Manuel Benguigui,
Un collectionneur allemand,
Mercure de France, 160 p., 15,80 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°703 du 1 juillet 2017, avec le titre suivant : L’œuvre de la vie

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