Venise (Italie)

L’imagination débordante d’Erwin Wurm

Biennale de Venise, pavillon autrichien - Jusqu’au 26 novembre 2017

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 23 mai 2017 - 255 mots

Qui a dit que l’art contemporain était abscons, une vraie prise de tête ? Le pavillon autrichien en est un démenti formel, l’occasion aussi d’un bon nombre de fous rires tout en restant très sérieux.

Depuis une vingtaine d’années, Erwin Wurm n’a pas son pareil en cette mesure et sa prestation vénitienne en est une nouvelle et réjouissante démonstration. Dans l’espace qui lui est dédié, l’artiste a disposé tout un monde d’objets, plus ou moins importants, qui vont d’une simple valise à une véritable caravane, en passant par une chaise de cuisine les quatre pieds plantés au mur ou la forme d’un pantalon, jambes croisées, comme une moitié d’humain. En tous points, par le biais d’un petit croquis dessiné sur l’objet, Wurm invite le spectateur à prendre une certaine posture en y impliquant son corps. Une réelle partie de plaisir à laquelle, après une seconde d’hésitation par peur du ridicule, personne en fait ne se dérobe. Celui-ci a enfilé sa tête par un trou que l’artiste a ménagé sur le flanc de la caravane ; celle-là s’est complètement agenouillée au sol pour la glisser dans l’entrejambe du pantalon ; cet autre a grimpé sur la valise et joue à Siméon le stylite ; cette dernière s’est faufilée entre les pieds de la chaise et en tient les bras comme si elle s’apprêtait à faire un saut en parachute. Erwin Wurm ne manque ni d’imagination, ni de bon sens. En matière d’esthétique relationnelle, il tape très fort. « L’homme est sculpture », disait en son temps Joseph Beuys.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°702 du 1 juin 2017, avec le titre suivant : L’imagination débordante d’Erwin Wurm

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