Les secrets de fabrication de la coupe de Lycurgue contribuent à la recherche scientifique sur les nanotechnologies

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 29 août 2013 - 514 mots

URBANA-CHAMPAIGN (Etats-Unis) [29.08.13] – La coupe en verre de Lycurgue, vieille de 1600 ans, a permis à des chercheurs américains de réaliser une avancée scientifique majeure. C’est grâce à la découverte de la cause du mystérieux changement de couleur du verre à la lumière, un procédé inventé par les romains, que les scientifiques ont pu mener à bien leurs recherches.

Véritable casse tête pour les scientifiques pendant des décennies, la coupe de Lycurgue du British Museum est aujourd’hui devenue une de leurs sources d’inspiration, puisqu’ils utilisent un procédé de nanotechnologie développé par les romains il y a plus de 1600 ans pour leurs recherches. Cette technique antique pourrait bien être la clé d’un nouveau procédé destiné à diagnostiquer des maladies, ou repérer des substances interdites, d’une manière bien plus efficace que les procédés utilisés par la science contemporaine, comme le rapporte le Smithsonian Magazine .

Chef d’œuvre de verrerie du quatrième siècle après Jésus Christ, la coupe de Lycurgue a toujours passionné les conservateurs de musées et scientifiques non seulement pour son raffinement mais surtout pour le verre qui la compose : selon l’angle de l’éclairage et la position du regardeur, la couleur du verre passe du rouge au vert.

Après un siècle de recherches sur ce verre précieux, les scientifiques ont découvert dans les années 1990 la cause de cette mystérieuse propriété qui permet le changement de coloration. Pour obtenir ce résultat, le verrier romain a injecté dans sa pâte de verre une concentration très précise de nanoparticules d’argent et d’or, destinées à provoquer une réaction avec les rayons de lumière. Plusieurs verres aux mêmes propriétés ont été à ce jour découverts, démontrant le fait que ce matériau si typique n’est pas le fruit d’un heureux hasard, mais plutôt d’une préparation minutieuse dont la prouesse technique pour l’époque est surprenante. Quand la lumière traverse le verre, les électrons issus des minuscules éclats de métal vibrent de telle façon que la couleur du verre en est altérée selon le point de vue de l’observateur.

Un chercheur de l’université de l’Illinois, Gang Logan Liu a réussi à prouver au cours de l’année 2013 que selon le fluide remplissant la coupe, la couleur changeait également. Certains ont poussé le raisonnement jusqu’à penser que la fonction de cette coupe était de déceler un poison, hypothèse qui serait corroborée par l’iconographie montrant le roi Lycurgue ligoté par un enchevêtrement de vignes, sans doute en raison d’une offense commise contre Bacchus. « Les romains savaient comment utiliser les nanoparticules pour la beauté de l’art ». « Nous voulons voir si cette technique pourrait avoir des applications scientifiques » a-t-il précisé.

Ces réactions chimiques, et notamment celles relatives aux fluides, pourraient révolutionner la médecine et l’industrie pharmaceutique. Les chercheurs ont déjà réussi, partant de l’antique découverte, à créer un procédé de détection de l’ADN et des protéines sans avoir à en modifier leur composition chimique au préalable. L’équipe de recherche estime d’après leurs résultats que ce procédé aurait une sensibilité 100 fois supérieure à celle des autres pour certaines de leurs expériences, et produirait donc des résultats beaucoup plus fiables.

Légende photo

Coupe de Lycurgue (IV ème siècle après J-C) - probablement fait à Rome - Coupe en verre - 16 cm x 13,2 cm - British Museum - Londres - © Photo Marie-Lan Nguyen - 2011 - Licence CC BY-SA 2.5

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque