Les artistes vont de nouveau pouvoir s’exprimer sur les murs de Los Angeles … sous conditions

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 3 septembre 2013 - 454 mots

LOS ANGELES (ETATS-UNIS) [03.09.13] – Le conseil municipal de Los Angeles a finalement décidé de lever la prohibition de l’art mural public. Elle revient sur une interdiction qui depuis dix ans était incomprise par les artistes, notamment dans une ville où la tradition de l’art urbain y est si ancrée.

Un vote intervenu mercredi 28 août 2013 au sein du conseil municipal de Los Angeles autorise à nouveau l’art mural public et clôt un débat houleux qui resurgissait fréquemment depuis des années, rapporte le Los Angeles Times.

Afin d’éviter les dérives qui avaient causé en partie son interdiction, le conseil municipal a mis en place une régulation stricte qui définit un champ d’application précis, et des obligations pesant sur les artistes envers la municipalité. Elle permettra d’équilibrer les intérêts opposés en présence, c’est-à-dire faire revivre la tradition de l’art mural en consacrant la liberté d’expression artistique, et la protection des riverains contre des images non souhaitées et envahissantes.

Désormais, les fresques murales sont autorisées dans les zones commerciales et industrielles, à condition que l’artiste fasse enregistrer son projet à la municipalité - une démarche qui lui coûtera soixante dollars de frais. Les messages commerciaux seront prohibés afin d’éviter que les publicitaires ne se saisissent de ce droit pour le détourner et polluer la ville d’annonces. Et afin d’ajouter un garde fou contre ces démarches publicitaires, l’œuvre devra rester en place au moins deux ans.

Réputée comme capitale mondiale de l’art mural, Los Angeles risquait de perdre son titre avec l’interdiction qui pesait sur les artistes. Cet art a rythmé la vie de nombre de générations depuis les années cinquante, pour exploser dans les années 1970 lorsque les murs sont devenus le terrain d’action d’artistes engagés politiquement, et finalement s’instituer en tradition.

Un des membres du conseil qui travaille sur cette initiative, Jose Huizar, avait fait la proposition de renouer avec cette tradition en autorisant les peintures murales dans toute la ville, tout en donnant la possibilité aux résidents de s’y opposer. Le conseil n’est pas allé aussi loin, mais permet toutefois à des quartiers résidentiels d’opter pour un projet mural, en en faisant la demande à la municipalité. Une fois la demande approuvée, les maisons de ces quartiers pourront être peintes.

Si cette nouvelle réglementation semble équilibrée, elle ne fait pas que des heureux, autant dans le camp des artistes que dans celui des riverains opposés au street art. En plus des inquiétudes portant sur l’esthétique des fresques, les résidents redoutent l’invasion des graffitis. Du côté des artistes, certains auraient souhaité que le conseil municipal aille plus loin dans la libéralisation de la pratique, comme Kent Twitchell, célèbre muraliste local, qui regrette qu’il soit toujours interdit pour les particuliers de décorer eux-mêmes leurs maisons.

Légende photo

Graffiti - Los Angeles - © Photo A Syn - 2007 - Licence CC BY-SA 2.0

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