L’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris retrouve son péché originel

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 1 juillet 2011 - 428 mots

PARIS [01.07.11] – Au XIXe siècle, le décor extérieur de l’église parisienne Saint-Vincent-de-Paul avait fait scandale. Les paroissiens s’étaient plaints, le décor avait été déposé et son auteur s’en était indigné. Au XXIe siècle, ce décor a retrouvé son emplacement premier. Il vient d’être ré-inauguré, 150 ans après son retrait.

Le 26 juin 2011, Danièle Pourtaud, adjointe au maire de Paris en charge du patrimoine, et Rémi Féraud, maire du Xe arrondissement, inauguraient officiellement les sept panneaux qui ornaient autrefois la façade de l’église Saint-Vincent-de-Paul. Composé de peintures émaillées sur lave volcanique, ce décor avait été réalisé par Jules Jollivet (1803-1871) sous le règne de Napoléon III. Il s’agissait d’une œuvre de commande, qui avait été voulue par l’architecte de l’église, Jean-Ignace Hittorf (1792-1867). Mais, à l’époque, le programme décoratif avait fait scandale et avait donc dû être retiré de la façade de l’église. 150 ans après sa dépose, le décor de Jollivet vient toutefois d’être réintégré sur la façade d’Hittorf par la Ville de Paris.

L’église Saint-Vincent-de-Paul est située dans le Xe arrondissement de Paris, du côté de la gare du Nord, qui fut également construite par Jean-Ignace Hittorf. Achevée en 1844, cette église est d’inspiration néo-classique. Quant au décor polychrome de sa façade, il consiste en un ensemble de scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. La première lave émaillée conçue par Jules Jollivet, « La Trinité », est installée en 1846. Puis, en 1859, six autres laves émaillées sont exécutées. Or, trois d’entre elles comportent des personnages nus. « Le Péché originel » entre autres, lequel représente Adam et Eve dans leur plus simple appareil, avait alors heurté la pudibonderie des paroissiens et déclenché leur mécontentement.

Face aux protestations de ces derniers et malgré celles du peintre, l’archevêque de Paris avait demandé au préfet de la Seine de procéder au retrait du décor sulfureux. Le baron Haussmann avait fini par céder en 1860 et en 1861 les nus de Jollivet avaient disparu. Des caves de l’église, les sept panneaux avaient ensuite été expédiés dans les réserves municipales. Ils avaient toutefois fait l’objet d’une exposition au musée de la Vie romantique en 1998. Jusqu’à ce que le père Horaist devienne le curé de la paroisse en 2003. Désireux de remettre le décor en place, ce dernier en réfère alors à ses paroissiens et leur présente deux des panneaux à l’intérieur de l’église, avant de réinstaller « La Trinité » à l’extérieur. Il persuade enfin la ville de Paris de restaurer l’ensemble du décor et de le replacer comme à son origine, sous le porche de l’église Saint-Vincent-de-Paul.

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Eglise Saint-Vincent-de-Paul à Paris - © photo Klaus Grünberg - 2007 - Licence CC BY-SA 3.0

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