"Le Pont" d’Yves Tanguy

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 26 octobre 2017 - 446 mots

Rare dans les collections publiques françaises, un tableau d’Yves Tanguy entre par donation au Musée des beaux-arts de Quimper.

Yves Tanguy
Il naît à Paris en 1900. Son camarade de classe Pierre Matisse, le fils du peintre, le sensibilise à la peinture, qu’il commence en autodidacte en 1925. Ses deux premiers essais, Rue de la Santé et Le Pont, n’ont encore rien de surréaliste alors que le peintre en herbe rejoint le groupe d’André Breton l’année de la réalisation des tableaux. Le Pont et son pendant du MoMA tiennent plutôt d’un cubisme tardif et trahissent l’admiration d’Yves Tanguy pour les paysages métaphysiques de l’italien Giorgio De Chirico. En 1939, il émigre aux États-Unis pour rejoindre la peintre américaine Kay Sage (1898-1963), rencontrée l’année précédente au Salon des surindépendants. Naturalisé américain, Yves Tanguy, dont la plupart des œuvres sont conservées dans sa patrie d’adoption, meurt brutalement d’une hémorragie cérébrale en 1955.

Rue du Château
Le Pont est l’un des symboles forts de l’amitié entre Yves Tanguy, les frères Prévert et Marcel Duhamel, alors qu’en 1925, ils vivent en communauté 54, rue du Château, à Montparnasse. Les colocataires d’Yves Tanguy lui offrent sa première boîte de peinture d’où sortira Le Pont qu’il offre à Duhamel, futur éditeur de la Série noire. C’est sa veuve Germaine qui offrit en 1983 le tableau à Catherine Prévert.

Finistère
Yves Tanguy passe ses vacances à Locronan à partir de 1912, année de l’acquisition d’une maison par sa mère. Ses amis de la bande de la rue du Château fréquentent les lieux dès 1923. Ensemble, ils parcourent le Finistère où ils font les quatre cents coups sans jamais quitter leur marinière, ce dont témoignent des photographies pittoresques. Lorsqu’Yves Tanguy a pu revenir en France en 1953, il n’a pas manqué de se rendre à Locronan pour revoir sa sœur et pour montrer à son épouse Kay ces paysages qu’il aimait tant. Son attachement au Finistère était tel qu’il souhaita que ses cendres soient dispersées dans la baie de Douarnenez.

1925
Le Pont est le second tableau jamais peint par Yves Tanguy après Rue de la Santé conservé au MoMA de New York. Les deux toiles forment une sorte de pendant : même perspective basculée, même atmosphère mélancolique sous un « ciel breton » selon Marcel Duhamel, premier propriétaire du tableau quimpérois.

Don
Un don consenti par Catherine Prévert, fille de Pierre, le cinéaste, et nièce de Jacques, le poète. Un geste généreux motivé par les liens prégnants qui unissaient Tanguy au Finistère, ainsi que par l’accueil reçu lors de la rétrospective que consacra le Musée de Quimper à l’artiste, en 2007. L’enthousiasme de son précédent directeur, André Cariou, s’était alors montré convaincant se souvient la donatrice.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°706 du 1 novembre 2017, avec le titre suivant : "Le Pont" d’Yves Tanguy

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