La découverte inscrite dans l’ADN de Lille Art Up!

Donner de la visibilité à la jeune garde artistique est dans les gènes de Lille Art Up! depuis sa création. En 2013, la foire inaugurait en son sein la section « Revelation », dévolue aux travaux d’une dizaine d’étudiants en dernière année d’école d’art ou de cursus universitaires de l’Eurorégion, sélectionnés pour leur exploration du thème de l’édition. Pour ses 11 ans d’existence, la section poursuit sa vocation de soutien aux jeunes talents et gagne en espace. Les œuvres des douze étudiants conçues pour l’exposition de cette année font écho au thème de 2023, « Jeux de mémoire ». 

« Revelation by Lille Art Up! »
« La variété des médiums utilisés, des techniques et des formats reflète, d’une édition à une autre, ce qui se passe dans les écoles d’art et les universités », souligne Richard Skryzak, en charge du commissariat de « Revelation » et membre du comité de sélection depuis 2016. « Certains ont recours aux nouvelles technologies, d’autres aux techniques plus traditionnelles que sont le dessin, la peinture, le pastel… », précise le vidéaste et écrivain, enseignant de l’art vidéo à l’ESA de Tourcoing et à l’université de Valenciennes. 

Margaux Carrez (université de Valenciennes) revisite ainsi par le dessin au stylo-bille ou par la photographie des tableaux célèbres de Caravage, Vermeer ou Dürer. L’immense tableau à quatre mains du binôme Amélie Templus et Nina Buondelmonte (université de Lille) narre de son côté, au travers de différentes références picturales, le périple d’une femme dans une forêt. Les meubles et objets représentés au pastel par Mathys Delattre (Arts2 Mons) puisent, quant à eux, leurs références dans ceux ayant appartenu à sa famille. Le pays d’origine forme d’autres sources d’inspiration, comme chez la Russe Anna Biriulina (Le Fresnoy), dont la vidéo croise la mémoire du peuple tatar et le chamanisme, tandis que celle de l’Ukrainienne Yuliya Makogon (ESA de Tourcoing), tournée avant la guerre, réfléchit ses questionnements sur son pays. L’installation des carrelages aux rébus mystérieux d’Anaïs Hache (ESA de Tourcoing) ou les sculptures de Diego D’Onofrio (Arts2 Mons) à partir de pièces d’engrenage d’usine récupérées convoquent d’autres mémoires. 

« Interface by Lille Art Up! »
Les œuvres de la section « Interface » font également écho au thème « Jeux de mémoire ». Mais, à la différence de « Revelation », leurs signatures émanent d’artistes de la scène européenne plus avancés en âge et dans leur carrière, représentés ou non par une galerie. Initiée en 2022 et placée sous le commissariat d’Annuschka Leung, l’exposition « vise à donner une visibilité à des artistes qui n’en ont pas, malgré l’intérêt de leur travail », explique la curatrice indépendante belge d’origine hongkongaise et membre du comité de sélection de la foire. Cette année, ils sont six, et chacun a son identité propre. 

Les sculptures monumentales de Konrad Loder reconfigurent les usages des pièces et objets qu’il récupère et recycle. Le détournement par Léo Luccioni de produits commercialisés, de la barre chocolatée à la bonbonne de gaz, s’inspire de ceux utilisés ou consommés quand il était enfant. L’immense toile suspendue striée de Mariejon De Jong-Buijs rend hommage aux travaux agricoles qu’elle a connus durant son enfance, dans la ferme de ses grands-parents, aux Pays-Bas. Les reconfigurations d’écrans d’ordinateurs de Walter Wathieu, à partir d’algorithmes, aboutissent à d’étonnantes installations digitales conduisant le spectateur à contempler d’étranges apparitions et disparitions aléatoires de pixels sur les écrans. Tout aussi troublantes sont les grandes plaques en polycarbonate tournant sur elles-mêmes de Sali Muller et les coulées de couleur de la grande fresque de Rutger de Vries, réalisée le jour du vernissage à partir d’un système pulvérisant de la peinture sur le mur.