La conscience sociale de FotoRio

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 29 août 2014 - 583 mots

RIO DE JANEIRO (BRESIL) [29.08.14] - FotoRio achève son édition 2014 dimanche 31 août 2104 après deux mois de rendez-vous donnés aux professionnels et amateurs du médium. Si le marché de la photo demeure encore limité, le festival photo de Rio de Janeiro participe autant à la visibilité des collections photo de la ville qu’à celle des pratiques professionnelles ou amateurs.

FotoRio poursuit son développement pas à pas. En décidant de faire à partir de cette année de la Rencontre Internationale de la Photographie de Rio de Janeiro un rendez-vous annuel et non plus tous les deux ans, son coordinateur général, l’anthropologue et photographe Milton Guran, fort du soutien financier de la municipalité de Rio de Janeiro, entend donner à ce Mois de la Photo brésilien une direction artistique spécifique, propre aux problématiques et enjeux du médium dans ce pays de près de 200 millions d’habitants aux inégalités sociales et économiques particulièrement importantes.

« Les années paires seront davantage dédiées aux débats, rencontres qu’aux expositions », explique Milton Guran à l’origine du festival en 2003 avec ses étudiants de l’IUPERJ, Instituto Universitário de Pesquisas do Rio de Janeiro. Peu d’expositions donc cette année, comparée aux autres éditions : une petite dizaine contre 217 en 2013. En revanche davantage de colloques, de conférences autour du médium dont deux jours au MAR – Museu de Arte do Rio - consacrés aux 8e rencontres sur les projets d’inclusion visuelle menées auprès des populations exclues économiquement, socialement et visuellement. En particulier celles des favelas, abordées invariablement par les médias brésiliens et internationaux sous l’angle des guerres de gangs, des confrontations avec la police, de la pauvreté ou des tragédies sans donner à voir ce qui font par ailleurs leur ordinaire, leur quotidien.

Cette fibre militante, engagée à véhiculer, diffuser d’autres images, d’autres réflexions au plus large public est ce qui anime depuis sa création FotoRio à l’origine également en 2004 de la création de l’agence Imagens do Povo (Images du peuple), à l’initiative du photographe Joao Roberto Ripper, et qui rassemble dans la favela de Maré, au nord de Rio, une école et une agence photo au sein des locaux de l’Observatoire des favelas.

Le festival est né aussi du désir de sortir de l’ombre les collections publiques et privées de photographies de la ville de Rio tout en soutenant la création brésilienne particulièrement dynamique. FotoRio n’est pas le premier festival au Brésil, mais il est certainement celui qui se démarque par ses deux axes majeurs.

Dans l’édition 2014, donc pas de grandes expositions phares, si ce n’est celles du Centro Municipal de Arte Hélio Oiticica où ont été présentées une série récente de Rogiéro Reis sur le droit à l’image et les photographies des années 1960 sur Rio d’Orizon Carneiro Muniz issues pour leur part de la collection de Peter Lucas, cinéaste nord américain et photographe, grand amateur par ailleurs de photographies vernaculaires brésiliennes.

Il faudra attendre l’édition 2015, pour voir se déployer dans les différents institutions culturelles de la ville publiques et privées, notamment à l’institut Moreira Salles, autre partenaire fidèle du festival, des expositions de plus grande ampleur qui se développeront pour la première fois autour d’un thème : celui de Rio. L’année prochaine, Rio de Janeiro fêtera en effet ses 450 ans.

La collection de photographie du MAR devrait débuter dès cette année grâce aux dons des photographes exposés lors de l’édition 2014 et s’enrichir au fur et à mesure des prochaines éditions comme l’accord passé entre le musée et FotoRio le prévoit.

Légende photo

Logo de FotoRio 2014 - © Photo Overbr

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