La Biennale de Venise côté France

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 504 mots

Unanimement considérée comme la plus prestigieuse des manifestations d’art contemporain, la Biennale de Venise est une véritable institution. Créée en 1895, elle est aussi une institution vénérable et la liste des artistes qui y ont participé est considérable. De tout temps, la France s’est attachée à ce que sa participation y soit à la hauteur du rôle et de la place qu’elle occupe sur l’échiquier artistique international. Pour cela, elle en a confié la gestion depuis plus de 50 ans à l’Association française d’action artistique qui, jusqu’en 1997, chargeait un commissaire de choisir le ou les artistes invités à représenter notre pays.

De Ghada Amer à Cartier-Bresson
Pour cette 48e édition, comme pour la précédente, forte d’une expérience qui a valu tant à Fabrice Hybert qu’à la France le Lion d’or du meilleur pavillon, l’AFAA a décidé de procéder à l’inverse en désignant, sur proposition d’un comité d’experts, l’artiste invité à représenter la France, à charge pour lui de choisir son commissaire. Pour aller dans le sens de l’ouverture prônée par le nouveau directeur de la Biennale, Harald Szeemann, l’AFAA a désigné cette année deux artistes et non un seul : Jean-Pierre Bertrand (voir p. 46) et Huang Yong Ping (voir p. 50), ce dernier originaire de Chine mais installé à Paris depuis près de 10 ans. Ceux-ci ont demandé à Hou Hanru, critique d’art et commissaire d’expositions indépendant, lui aussi à Paris depuis 1990, et à Denys Zacharopoulos, critique et directeur du domaine de Kerguéhennec, de les accompagner dans la réalisation de leur projet respectif. Ce choix binôme est manifeste de l’esprit de cohabitation des styles qui caractérise la scène artistique hexagonale. Mais le pavillon français n’est pas le seul lieu d’appréciation de la présence française à la Biennale de Venise. Celle-ci s’exprime aussi à travers toutes sortes d’autres participations et d’autres événements, et non des moindres, inclus ou non dans la Biennale (voir également p. 18). Une dizaine d’artistes français, ou installés en France, figure ainsi au programme de l’exposition internationale organisée par Szeemann lui-même. Intitulée dAPERTutto, celle-ci en appelle pour la participation française à une liste très ouverte, essentiellement constituée de jeunes créateurs : Ghada Amer, Gilles Barbier, Nathalie Elemento, Dominique Gonzalez-Foerster, Thomas Hirschhorn, Pierre Huyghe, Severio Luccariello, Philippe Parreno, Chen Zen. Le choix de Szeemann contribue donc à reconnaître la vivacité et la qualité d’une scène nationale dont on entend trop souvent dire qu’elle ne tient pas la comparaison au regard d’autres situations étrangères. Par ailleurs, que Jérôme Sans, critique d’art et organisateur d’expositions indépendant, ait été choisi comme co-commissaire du pavillon du Danemark, aux côtés de Marianne Torp Ockenholt, est une autre illustration de cette présence française. Et c’est sans parler des expositions personnelles que l’on pourra voir dans la Cité des Doges pendant la Biennale : dessins d’Henri Cartier-Bresson au Casino Venier, peintures récentes de Serge Rezvani à la Galleria del Leone et photographies de Martine Franck au Magasin à Sel. Décidément, Fernand Braudel a bien raison de dire « que la France se nomme diversité » !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : La Biennale de Venise côté France

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