Jean-Luc Vilmouth (1952-2015)

Par Frédéric Bonnet · lejournaldesarts.fr

Le 7 janvier 2016 - 491 mots

PARIS [07.01.16] - Un hommage à l’artiste décédé le 18 décembre dernier est rendu jeudi 7 janvier dans son atelier à l’Ecole des beaux-arts de Paris.

Ce n’est pas une mais au moins deux générations que la disparition soudaine de Jean-Luc Vilmouth, à l’âge de 63 ans, a laissé orphelines. Celle de ses jeunes étudiants aux beaux-arts de Paris, où jusqu’au printemps dernier il fut directeur des études. Sa collègue Sylvie Fanchon relate : « Jean-Luc n’était pas un grand bavard mais il s’exprimait beaucoup par rapport à des relations établies avec ses étudiants, qu’il faisait beaucoup participer à son travail tout en leur laissant de l’espace pour une expression personnelle. » Et celle des Dominique Gonzalez-Foerster, Pierre Joseph et Philippe Parreno qu’il a contribué, avec son compère Ange Leccia, à former aux beaux-arts de Grenoble au tournant des années 1990, avec le succès que l’on sait.

Ce qui aura marqué ces deux générations ? « Il s’est toujours montré ouvert à l’échange et très tourné vers l’autre », relève la critique d’art Valérie Da Costa. De là sans doute les innombrables espaces collectifs peuplant son œuvre, qui souvent ont pris la forme du café, depuis ce Bar des acariens (1991) acquis par le Frac des Pays de la Loire. « Avec lui le public devenait acteur et intégrait l’œuvre. Créer le contact et augmenter les liens, je pense que cela va perdurer à travers lui », estime sa galeriste Aline Vidal.

Au Centre Pompidou, c’est son Café Little Boy qui depuis 2004 accueille les visiteurs dans les collections, un espace de libre expression sur des tableaux d’écoliers, en hommage à une école rasée par la bombe d’Hiroshima. Depuis une dizaine d’années c’est l’Asie, et tout particulièrement le Japon, qui semblaient l’avoir happé tellement il y a passé du temps et y a trouvé de l’inspiration.

« On a beaucoup parlé de son pouvoir d’activateur des objets, mais je suis convaincue qu’il y avait aussi chez lui la volonté d’élaborer des hypothèses qui pourraient changer le monde » dit de lui Alexia Fabre, la directrice du Mac/Val, qui dans son dernier accrochage a inclus l’installation The White Building imaginée après un séjour au Cambodge. Son dernier film, Lunch Time (2014), rassemblait autour d’une table des rescapés de la catastrophe de Fukushima, qui par la rencontre retrouvaient là la faculté de la parole.

C’est en 1978 Yvon Lambert qui le premier lui mit le pied à l’étrier, avec une exposition personnelle suivie l’année d’après par une invitation à la prestigieuse Lisson Gallery londonienne, avant d’autres. Jean-Luc Vilmouth était discret, peut-être tellement qu’aucune institution française ne lui a consacré d’exposition d’envergure depuis le Centre Pompidou en 1991.

« Jean-Luc avait l’utopie de vouloir habiter le monde, même jusqu’à se fondre dans l’habit d’autres », précise Aline Vidal. Au point de disparaître sans bruit dans la nuit du 18 décembre à Taipei, au cœur d’une Asie qui l’appelait tant et a fini par le retenir.

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Jean-Luc Vilmouth - Courtesy photo galerie Aline Vidal

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