De retour, mais plus modeste

Le Journal des Arts

Le 12 mai 2000 - 498 mots

Lancée en septembre 1995, la Biennale de Kwangju, en Corée du Sud, relevait un défi ambitieux contre la domination artistique de l’Occident, symbolisée, par exemple, par la Biennale de Venise et la Documenta de Cassel. Après trois ans d’absence, la manifestation, ouverte jusqu’au 7 juin, fait son retour avec des ambitions amoindries.

KWANGJU (de notre correspondant) - Créée par Lee Young Boon, un conservateur proche du pouvoir politique, la première Biennale de Kwangju a coïncidé avec l’arrivée des collectionneurs coréens sur le marché international de l’art, et a tout de suite suscité l’intérêt des étrangers. L’édition de 1997, “Défaire la carte de la Terre”, qui s’est tenue peu de temps avant l’effondrement financier du pays, était encore plus ambitieuse. Dirigée par le visionnaire Lee Young-Chul, l’exposition était divisée en cinq parties, suivant les cinq éléments de la cosmogonie de la Chine ancienne : l’Eau, le Feu, le Bois, le Métal et la Terre. Le commissaire avait invité des personnalités internationalement reconnues, telles que Harald Szeemann, Richard Koshalek, Bernard Marcadé et Kyong Park, directeur du Storefront for Art and Architecture à New York. Un tel programme, qui aurait déjà paru énorme au Japon, l’était encore plus dans un pays encore très tourné vers lui-même. Kwangju, capitale de la province de Cholla, est de plus située dans une région pauvre où des centaines d’étudiants ont été massacrés par les forces de sécurité en mai 1980. Cette date est devenue le symbole du ralliement au mouvement démocratique. Le président coréen, lui-même ancien dissident, y est né.

Cependant, une mauvaise gestion a nui aux deux premières biennales. Pour gonfler le nombre des visiteurs, des responsables avaient fait venir les enfants des écoles, qui ont créé vacarme et désordre. Des arrangements floraux kitsch, voulus par la femme du maire de la ville, ont envahi le hall d’entrée de la manifestation. Et un bureaucrate a insulté les responsables de l’exposition parce qu’un professeur avait pu voir le sexe de Min Tanaka, le légendaire danseur butoh.

Plus grave, la Biennale n’a reçu qu’une petite moitié des 11,5 millions de dollars alloués à son budget. Les organisateurs se sont plaints de la mauvaise qualité des installations, le système d’air conditionné étant si défectueux que certaines photographies se sont détachées du mur. Ces incidents ont été suivis d’une grave crise économique dans le pays. Aussi, ce n’est que trois ans plus tard que s’est ouverte une nouvelle édition aux ambitions plus modestes. Le directeur, Park Yoon-m, a divisé l’exposition “L’homme l’espace” en sections géographiques. Il s’est appuyé sur différents commissaires, comme le conservateur allemand René Block – qui a accueilli les artistes Eija-Liisa Ahtila et Shirin Neshat –, Thomas Finkelpearl, l’ancien directeur de Skowhegan, - qui a invité Glenn Ligon et John Coplans –, et le Japonais Arata Tani – qui a géré la partie “Asie” autour d’artistes tels que Ma Liuming et Gu Wenda (Chine), Surasi Kusolwong (Thaïlande) et Emiko Kasahara (Japon). D’autres informations sont disponibles sur le site Internet de la Biennale : www.kwangju biennale.org.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°105 du 12 mai 2000, avec le titre suivant : De retour, mais plus modeste

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