Investigations mémorielles

D'une édition à une autre, Lille Art Up! décline une thématique différente qu’il appartient aux galeries sélectionnées d’explorer ou non. Après « Textile », en 2020, et « Transparences et Lumières », en 2022, « Jeux de mémoire » décline cette année un florilège de visions d’artistes sur le sujet, dont ceux dans les trois sections de la foire que sont « Revelation », « Interface » et « Théma ». Plusieurs tendances se dégagent dans l’art, notamment la relecture des grands maîtres de l’histoire de l’art. À la Galerie Au-delà des apparences (Annecy), Daniel Airam se réapproprie ainsi, dans ses portraits, les techniques en vigueur dans la peinture flamande du XVe siècle en les incisant de graffitis, tandis que chez Art to Be Gallery (Lille), les tableaux de Sébastien Bayet mixtent des peinture à l’huile et des tissus, réinterprétant des œuvres emblématiques de Léonard de Vinci, de Francisco de Goya ou de Diego Velázquez. Chez Aurore Michel-Grégoire, la transposition à notre époque de scènes de grands classiques de l’histoire de l’art se différencie à la Galerie Le Container (Aix-en Provence) par ses compositions géométriques. 

Des histoires du monde
Tout autre est l’univers de la peintre, graveuse et lithographe Evelyn Gerbaud, représentée par la Galerie GNG (Paris). Le ou les personnages de ses tableaux relèvent du rêve, du fantastique et du mystère autant que d’un vécu. Vécu dont les réminiscences chez Pablo Flaiszman, à la Galerie Christine Colon (Liège), ne sont pas sans lien avec ce que l’artiste, né à Buenos Aires en 1970, a gardé en mémoire de son pays d’origine. À la Galerie Nicole Gogat (Le Touquet-Paris-Plage), les dessins à l’encre de Chine de Quentin Bariseau projettent dans des mondes davantage labyrinthiques et oniriques, résurgences de vestiges d’une nature et d’une faune fantastiques. Bien différent est le bestiaire de Martine Littot à la Galerie Jean-Luc Moreau (Lille), mais aussi le décor dans lequel il évolue, par ses teintes puisant leur source dans les paysages et lumières où l'artiste vit. 

On change de registre et de ton avec l’artiste ukrainien Roman Minin, exposé à la Galerie Mhaata (Bruxelles), et son éloge du métier et de la vie de mineur qu’il développe au fil d’une série de peintures, de bas-reliefs et de vitraux. En filigrane, une histoire familiale se raconte, indissociable de la région minière où elle s’est enracinée. On peut aussi retrouver chez Valentine Fournier ce besoin de redonner une existence aux anonymes des photographies qu’elle glane. Adjonction de phrases, de couleurs et/ou de matériaux sur l’image participent à la narration ; des bribes d’histoires fictionnelles en tout genre dont chacun peut poursuivre le récit à la Galerie de l’Espace du dedans (Lille). Des fragments d’histoires qui, dans le solo show de la Galerie Bartoli (Marseille) consacré au peintre Marko Tubic, affirment l’érotisme et le fantasme comme expression.