Voyage au cœur des Misérables

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 21 novembre 2008 - 409 mots

« Juste pour le plaisir. » C’est la réponse de Danielle Molinari, directrice de la Maison de Victor Hugo, lorsqu’on lui demande à quelle occasion l’exposition « Les Misérables » a été montée. Et du plaisir, il y en a vraiment.

Organisée en deux parties, l’une consacrée à la rédaction du roman, l’autre à son contenu, l’exposition parvient très habilement à resituer l’œuvre dans son contexte d’origine et à plonger le visiteur dans l’atmosphère du livre.
Prêtés très exceptionnellement par la Bibliothèque nationale de France, le manuscrit, les notes et les brouillons de l’auteur sont un véritable chef-d’œuvre visuel. Ils montrent l’ampleur du travail de rédaction, qui s’est étalé sur cinq ans (de 1845 à 1848 et de 1860 à 1862) avec une interruption de douze ans. Comme aujourd’hui Harry Potter, le livre donna lieu à un véritable « coup médiatique » l’année de sa publication en 1862 (voir les nombreuses traductions) et eut un écho sans précédent, comme en témoigne le mur d’images où sont évoquées les principales adaptations du livre jusqu’à aujourd’hui.
À l’étage, objets, photographies, dessins, estampes, tableaux et sculptures permettent d’explorer quatre thèmes du livre : la rédemption, la misère, l’amour et l’histoire. Ce sont, par exemple, de véritables pinces à arracher les dents, qui évoquent l’horreur traversée par Fantine, le dessin Gavroche à onze ans par l’auteur lui-même, Nu assis (1905), un magnifique Picasso de la période bleue qui rappelle Eponine, Les Amants à la campagne (1850) de Courbet, qui évoque les amours de Cosette et de Marius, etc.
On trouve aussi des documents historiques poignants, notamment le dossier d’un véritable forçat condamné à plusieurs années de bagne, dont le parcours ressemble étrangement à celui de Jean Valjean. Objets réels ou représentés, contemporains ou d’époque, tous contribuent à restituer les problématiques sociales et historiques du livre en immergeant le visiteur dans le drame du roman.
En parallèle, le musée Carnavalet, qui organise aux mêmes dates une exposition sur le même thème, présente des illustrations, plans et photographies des lieux de Paris visités par les personnages du roman. Mais, bien que très documentée, l’exposition manque de couleur et de poésie pour évoquer un roman aussi exceptionnel que Les Misérables.

Voir

« Les Misérables, un roman inconnu ? », maison de Victor Hugo
6, place des Vosges, Paris IVe
www.musee-hugo.paris.fr
jusqu’au 1er février 2009.
« Paris au temps des Misérables de Victor Hugo », musée Carnavalet
23, rue de Sévigné, Paris IIIe
www.carnavalet.paris.fr
jusqu’au 1er février 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°608 du 1 décembre 2008, avec le titre suivant : Voyage au cœur des Misérables

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