Musée

New York (États-Unis)

Un écrin plus que parfait pour Hilma af Klint

Musée Guggenheim - Jusqu’au 23 avril 2019

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 21 novembre 2018 - 312 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

On ne pouvait rêver mise en scène plus idéale pour celle qui a détrôné Wassily Kandinsky dans la chronologie de l’abstraction.

L’œuvre de cette Suédoise est restée invisible pendant des décennies après sa mort en 1944, surprenant les historiens en 1986, lors d’une exposition mémorable à Los Angeles qui l’a vue côtoyer les grandes références de la peinture non objective (Mondrian, Malevitch et Kandinsky). Mais, voilà, il faudra attendre les années 2000 pour qu’un véritable travail d’analyse soit entrepris dans ce corpus conservé dans son intégralité à Stockholm, pour mieux comprendre ce qui motiva cette originale en communication directe avec des anges. C’est en effet à partir de la pratique de la médiumnie qu’Hilma af Klint, peintre et illustratrice professionnelle de manuels vétérinaires, va amorcer sa production abstraite dès 1906. Loin de se contenter de petits essais prudents, elle réalise immédiatement un cycle de grandes compositions aux couleurs éclatantes. Les dix plus imposantes constituent son premier grand geste et amorcent l’ascension spiralante de l’exposition américaine. En suivant la douce pente de la grande rotonde, le parcours s’élève dans les aspirations cosmologiques, théosophiques et mystérieuses de la peintre. Les œuvres se répondent dans des obliques d’une grande subtilité, créant ainsi des correspondances entre des œuvres réalisées à plusieurs années d’écart. La progression mesurée, exposant en majesté peintures, dessins et aquarelles, démontre l’originalité d’af Klint. Elle qui laissera pantois Rudolf Steiner, le pape de l’anthroposophie – une pseudo-science ésotérique alors en vogue chez les artistes d’avant-garde –, n’a montré qu’exceptionnellement ses créations, craignant l’incompréhension des autres. À l’époque, l’abstraction restait rare, et, pratiquée par une femme, cette dernière eût tôt fait d’être taxée de folie. Parmi son œuvre prolifique, le Guggenheim a retenu cent soixante-dix pièces, réalisées jusqu’en 1920. L’entreprise colossale y trouve un écrin à la hauteur de ses ambitions esthétiques et spirituelles, une élévation du corps et de l’âme pour le spectateur.

« Hilma af Klint : Paintings for the Future »,
Musée Guggenheim, 1071 5th avenue, New York (États-Unis), www.guggenheim.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : Un écrin plus que parfait pour Hilma af Klint

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