Tatiana Trouvé, principe d’hypothèse

Le Bureau d’Activités Implicites qu’a imaginé Tatiana Trouvé et qu’elle a présenté à la Villa Arson à Nice il y a deux ans, prend forme dans la mise en œuvre d’un ensemble modulaire qui compte aujourd’hui cinq éléments : des Titres, des maquettes, dessins et projets, une cellule aménagée par le sable, un Module Administratif, un Module à Réminiscence enfin. Conçu comme l’expression plastique de toutes sortes d’hypothèses d’œuvres, le B.A.I. de Tatiana Trouvé appartient à ce genre de productions qui interrogent le statut de l’œuvre tant dans son rapport avec l’artiste qu’avec le regardeur. Sa démarche nous invite à pénétrer au cœur même du processus créatif. « C’est ici, dans un silence qui les aura pour toujours absorbées, que des œuvres ne connaîtront que le temps de leur nomination », explique Tatiana Trouvé à propos de sa série de cartels intitulée Titres mentionnant des œuvres antérieures ou futures. Dans le droit fil d’une réflexion inaugurée par Duchamp, la question que pose l’artiste est celle de l’attente. Comme l’a noté Catherine Perret, l’œuvre procède chez elle « d’une mise en attente, d’une certaine manière de mettre le temps en gage, de miser sur une durée, comme si ce temps ou cette durée n’étaient pas acquis par principe et a priori. » Les modules de son B.A.I., comme ceux présentés à la galerie Vallois, relèvent en revanche d’une fabrication très élaborée.
La matérialité requise pour stocker toutes les hypothèses, tous les fantômes, tous les lapsus, tous les secrets que produit Tatiana Trouvé est considérable et son œuvre se présente pour finir comme un monde de structures mobilières destinées au rangement, au classement ou à l’archivage.