Sur les cordes africaines

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 juillet 1999 - 237 mots

Enfin, à la Cité de la Musique, les admirables harpes africaines sont présentées dans leur vérité totale, à la fois instruments de musique et sculptures de haut niveau.

Elles ne sont plus isolées, silencieuses et glacées derrière les vitrines d’un musée qui ne verrait en elles que des œuvres plastiques. Elles sont entourées d’objets rituels suggérant les cultes dans lesquels elles sont utilisées, rendues à la vie par des concerts et des films qui les situent à leur véritable place sociale et symbolique. On suppose que, née en Ouganda, la harpe a suivi d’est en ouest le tracé des grands fleuves, seules voies de pénétration dans la forêt équatoriale. Les Ganda, les Zandé, les Mangbetu, les Banda et les Fang lui ont donné des formes particulières, mais on retrouve le plus souvent une caisse en forme de pirogue. Dans le culte Bwiti des Fang, elle est la pirogue de vie qui permet la mystérieuse traversée jusqu’à l’au-delà où vivent les esprits des ancêtres. Dans cette chaîne des générations, elle s’inscrit comme la mère de toutes choses, dont la tête sculptée est placée à l’extrémité du manche. Ses yeux mi-clos laissent deviner l’univers secret auquel accède le harpiste.
C’est à elle que l’homme prête sa voix. Il est son double, chanteur, conteur et poète, il la fait parler, tirant d’elle une musique intimiste, réflexive, même lorsqu’elle est associée à des danses.

Cité de la musique, jusqu’au 29 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : Sur les cordes africaines

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