Sculpteurs et peintres en conversation

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 21 août 2008 - 387 mots

On dit souvent d’un artiste qu’il est un artiste complet quand son œuvre compte tout à la fois peintures, sculptures et dessins. Rien n’est alors plus intéressant que de tenter de déceler ce qui rassemble et distingue sa démarche entre ces différentes pratiques.

Dès lors que l’on porte cette comparaison à toute une production artistique comme le propose Jean-Louis Prat, ex-directeur de la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, en réponse à l’invitation que lui a adressée le musée Burda de Baden-Baden, l’analyse est encore plus passionnante.
Grand spécialiste du xxe siècle, ce dernier établit un dialogue entre une vingtaine de peintres et de sculpteurs modernes et contemporains. Ainsi, de Baselitz à Twombly, en passant par Braque, Degas, Dubuffet, Kirchner, de Kooning, Matisse, Penck, Picasso, Tapiès et tant d’autres, l’exposition qu’il a constituée rassemble un grand nombre de chefs-d’œuvre. Par-delà le temps et les aventures esthétiques auxquelles ils ont pu participer, cette exposition nous permet plus particulièrement de mesurer les préoccupations récurrentes qui hantent ces créateurs.
Qu’il s’agisse d’œuvres figuratives ou résolument abstraites, la question du motif semble bien n’être plus la première des priorités des artistes, du moins est-elle comme absorbée par une réflexion sur les moyens mêmes de la création. Le XXe siècle n’a eu de cesse de chercher à décloisonner les pratiques artistiques pour laisser le sens trouver la meilleure matérialité à sa plus juste explicitation.
Ce que montre l’exposition du musée Burda est que le XXe siècle est un siècle d’expérimentations plastiques et formelles en écho à un monde qui n’a eu de cesse de changer, voire d’évoluer. Il y a quelque chose d’une permanente transformation dans la production artistique de cette période qui acte le soin d’être en phase avec les données temporelles et spatiales sans cesse renouvelées du monde environnant.
Qu’est-ce qui peut lier une figure de Modigliani à une sculpture de Baselitz ? Que peuvent partager un tableau de Gauguin et un monochrome de Klein ? Qu’est-ce qui peut rassembler une peinture de Beckmann et une sculpture de Lüpertz ? Une seule et même réponse : le soin d’une présence. D’un être au monde. Tant il est vrai que le XXe siècle est celui d’une confrontation au réel.

« Les peintres-sculpteurs, un dialogue entre la peinture et la sculpture », Museum Frieder-Burda, Lichtentaler Alle 8b, Baden-Baden (Allemagne), www.museum-frieder-burda.de, jusqu’au 26 octobre 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°605 du 1 septembre 2008, avec le titre suivant : Sculpteurs et peintres en conversation

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