Retour aux années 1980

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 21 novembre 2008 - 383 mots

Alors qu’elles sont déjà revenues depuis un petit moment en mode ou en musique, voici que les années 1980 se réexposent à la faveur d’un examen historique salutaire.

On a désormais assez de recul pour adouber les figures, démêler l’écheveau des symptômes des années 1980 avec la notion de post-modernisme en tête. Alors qu’on a traduit en français il y a seulement quelques mois le texte fondateur sur le sujet de Fedric Jameson publié en 1984 (sic), le Magasin de Grenoble et son directeur Yves Aupetitallot s’offrent une plongée dans cette décennie polymorphe. Nulle nostalgie ou tentative de remake ne sont à craindre, pas même cet effet bourratif qui tendrait à vouloir reconstituer le contexte, du reaganisme au rap, de Tchernobyl aux années Mitterrand.
Il faudra cependant deux volets à l’institution grenobloise pour venir à bout du sujet, et encore, partialement. « Espèces d’espaces » ouvre la danse autour des sphères publiques et privées, des questions de communauté, de modèle politique avant un corpus dédié à l’image et la représentation réuni pour l’été prochain.
Selon le commissaire d’exposition, ce premier opus pose les questions qui animaient les artistes à l’époque. Et ces derniers sont nombreux. Beaucoup d’Américains bien sûr car, à l’époque, ils dominaient la création : Keith Haring, Jenny Jolzer, Richard Prince, Laurie Simmons, Haim Steinbach. Mais les Français ont aussi de dignes représentants comme Bazile/Bustamante, Philippe Cazal, Bertrand Lavier, Les readymade appartiennent à tout le monde. Les années 1980 rejouent ainsi leurs peurs et leurs aspirations, esquissent les grands courants qui les ont traversées des « néo-géo » aux « appropriationnistes ». L’espace monumental de la rue a été confié pour l’occasion à l’artiste Günther Förg. À son habitude, il a choisi de recouvrir de grands pans de mur de couleurs vives monochromes, transformant l’artère en agora vibrionnante.
Si l’exposition ne cherche pas à singer les années 1980, elle a toutefois pris le parti d’un accrochage rétinien avec des cimaises elles aussi violemment colorées. Et comme le Magasin fait bien les choses, le catalogue rassemble des textes de pointures comme Hal Foster, Dan Graham ou Lucy Lippard. Pour enfin arrêter les poncifs sur cette décennie et mieux comprendre comment elle détermine la création d’aujourd’hui.

Voir

« Espèces d’espaces », le Magasin, Centre national d’art contemporain, Grenoble (38)
www.magasin-cnac.org
jusqu’au 4 janvier 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°608 du 1 décembre 2008, avec le titre suivant : Retour aux années 1980

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