Musée

Paris-12e

Pour une poignée de films

La Cinémathèque française - Jusqu’au 27 janvier 2019

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 21 novembre 2018 - 313 mots

PARIS

La cinémathèque française consacre une exposition à un monument du septième art : « Sergio Leone (1929-1989) ».

Auteur des fameux westerns spaghetti avec Clint Eastwood, mais aussi d’un film légendaire de gangsters pendant les années folles de la prohibition, Il était une fois en Amérique (1984), Leone, qui n’a réalisé qu’une poignée de longs métrages – sept en tant que metteur en scène –, offre la particularité d’être à la fois un réalisateur très populaire – Il était une fois dans l’Ouest (1968) a fait quinze millions d’entrées en France –, tout en étant un cinéaste quasi expérimental. Au croisement de différentes cultures, principalement l’italienne et l’américaine, Leone, narrateur formidable doublé d’un formaliste hors pair, a créé un style immédiatement identifiable : gros plans, ralentis, dilatation du temps, flash-back morcelés ; l’acmé de cette chanson de geste étant son film-testament éminemment proustien, Il était une fois en Amérique, que l’on peut lire comme une longue rêverie opiacée d’un homme, Noodles (De Niro), ressassant inlassablement son passé. Tout est absolument parfait dans cette exposition resserrée qui, au fond, fonctionne tel un film de Leone, bâti sur une chronologie éclatée et moult clins d’œil. Agencé comme un labyrinthe, le circuit, en cinq sections distinctes, entraîne le visiteur à avoir le cerveau constamment stimulé, via de l’inattendu, des trompe-l’œil et du son tonitruant (merci au maestro Morricone !), en découvrant le laboratoire Leone. De ses débuts en tant qu’assistant-réalisateur à son projet de film avorté sur la bataille de Leningrad, toute sa filmographie est savamment analysée, en vue d’orchestrer un va-et-vient permanent entre ses diverses sources d’inspiration (Homère, Hitchcock, Kurosawa, Degas, De Chirico, Hopper, Indiana…) et sa fortune critique : des Carpenter, Coppola, Landis, Scorsese, Spielberg et autres Tarantino lui reconnaissent une dette immense. On sort de cette exposition terriblement émouvante en se disant que le cinéma puissamment picaresque et lyrique de l’ami Sergio nous manque éperdument.

« Il était une fois Sergio Leone »,
La Cinémathèque française, Musée du cinéma, 51, rue de Bercy, Paris-12e, www.cinematheque.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : Pour une poignée de films

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