Art moderne

XIXE-XXE SIÈCLES

Plus modernes que naïfs

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 3 octobre 2019 - 315 mots

PARIS

Le musée Maillol rend justice à des artistes singuliers encore très marginalisés dans les collections publiques.

Paris. Wilhelm Uhde, collectionneur, dénicheur de talents et marchand d’art du début du XXe siècle, les appelait « primitifs modernes » en référence aux peintres qui précédèrent la Renaissance en Europe. Le trait commun entre ces artistes de trois générations, indépendants mais réunis en école par l’Histoire de l’art, est le refus de la perspective et du réalisme. Leur singularité n’était pas la conséquence d’une supposée inculture artistique (plusieurs exposaient dans les Salons parisiens), mais de choix esthétiques, même si ceux-ci n’étaient pas théorisés. Ces peintres n’ont pas vécu de leur art. Cependant, ils ont connu de leur vivant la reconnaissance d’amateurs et d’artistes, souvent d’avant-garde. La collection de leur fervent défenseur, Anatole Jakovsky, est à l’origine du Musée international d’art naïf de Nice, dans lequel le Musée national d’art moderne a mis en dépôt une bonne part de ses œuvres du genre.

Dina Vierny fut aussi l’une de leurs admiratrices. Elle acquit, en 1947, la collection de Wilhelm Uhde auquel elle rendit hommage, en 1974, avec son exposition « Le monde merveilleux des naïfs ». Une partie de la centaine d’œuvres présentées aujourd’hui au même endroit, sous le commissariat de Jeanne-Bathilde Lacourt et Àlex Susanna, a d’ailleurs appartenu à la galeriste. Dans cette école, les plus connus, Henri Rousseau, dit le Douanier Rousseau (1844-1910) et Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis (1864-1942), côtoient Louis Vivin (1861-1936), Dominique Peyronnet (1872-1943), André Bauchant (1873-1958), Camille Bombois (1883-1970), René Rimbert (1896-1991), Jean Ève (1900-1968) et Ferdinand Desnos (1901-1958, voir ill.). Leurs univers très personnels, leurs œuvres souvent puissantes restent aujourd’hui encore confidentielles : les peintures sont le plus souvent en collections privées, « invisibles » comme le précise Jeanne-Bathilde Lacourt qui se félicite d’avoir, par exemple, pu réunir au Musée Maillol six marines de Peyronnet dont on ne compte que trois œuvres dans les collections publiques françaises.

Du Douanier Rousseau à Séraphine, les grands maîtres naïfs,
jusqu’au 19 janvier, Musée Maillol, 61 rue de Grenelle, 75007 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°530 du 4 octobre 2019, avec le titre suivant : Plus modernes que naïfs

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