Pintoricchio, le matre des fresques de Spello

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 25 mars 2008 - 385 mots

Voici un autre témoignage de l’affrontement avec le Pérugin. Ici, à Spello, une modeste bourgade située à une trentaine de kilomètres de Pérouse, Pintoricchio obtint enfin le cycle de grand décor qu’il n’avait pas pu peindre à Pérouse. De 1500 et 1501, il honore la commande des Baglioni, illustre famille pérugine, et exécute le décor à fresque d’une chapelle de l’église Sainte-Marie-Majeure (XIIe-XIIIe siècles).

Le goût du peintre pour l’anecdote
Le Pérugin, lui, avait déjà décoré la grande salle d’audience du collège du Change de Pérouse d’un cycle consacré à la vie du Christ, agrémenté de la représentation des quatre vertus cardinales et des trois vertus théologales (1491-1500). Il n’avait pas manqué d’y adjoindre son autoportrait. En réponse, Pintoricchio utilise un dispositif similaire. À droite de L’Annonciation, le peintre se représente de trois quarts, dans un cadre en trompe-l’œil accroché au-dessous d’une petite nature morte. Sous une voûte ornée des figures des Sibylles, Pintoricchio déroule en triptyque les épisodes de La Vie de la Vierge et la Dispute de Jésus et des docteurs de l’Église. Le tout avec une grande simplicité narrative. À nouveau, c’est son goût pour l’anecdote qui fait la saveur de ces fresques, relativement bien conservées. Les impressionnantes plongées en perspective offertes par l’architecture classique lui permettent de multiplier les scènes gigognes, parfois anecdotiques. Il y révèle également son talent de peintre fresquiste, capable d’un trait sûr et rapide.

Questions à...

Tiziana Biganti, directrice de la Galerie nationale

Quelle est la singularité de Pintoricchio par rapport à son grand rival, le Pérugin”‰?
Il s’agit de deux personnalités très différentes, qui utilisent chacune leur propre langage. Pintoricchio a toujours manifesté une attention beaucoup plus marquée aux détails. Sa formation de miniaturiste l’a habitué à la perfection du détail. Il s’agit également d’un artiste doué d’une très grande habileté technique, capable de traiter avec un égal talent des grandes surfaces, les fresques, avec une exécution rapide, comme des surfaces plus réduites.

A-t-il souffert du surnom de « petit peintre » donné par Vasari”‰?
Oui, Pintoricchio était vraisemblablement de petite taille et n’était pas beau. Ce surnom lui a été donné pour le rendre manifestement inférieur. Vasari considérait que son obsession du détail faisait de lui un artiste de l’ancien monde, de tradition gothique. Mais, hormis Vasari, il existe peu d’autres sources de connaissance de sa peinture.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°601 du 1 avril 2008, avec le titre suivant : Pintoricchio, le matre des fresques de Spello

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