Arles (13)

Photogénie du labeur

Fondation Vincent Van Gogh - Jusqu’au 13 avril 2020

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 17 décembre 2019 - 312 mots

Le point de départ de cette exposition est la gigantesque collection de Ruth et Peter Herzog, citoyens suisses, qui rassemble plus de 600 000 pièces.

Cherchant au départ des photos de praticiens de renom, leur choix s’est progressivement orienté vers des clichés anonymes, avec l’idée que derrière chacun se cache le témoignage précieux d’une époque. En écho au titre de l’exposition « … et labora », qui reprend la formule bénédictine « Ora et labora » (« prie et travaille »), le musée a procédé à la sélection d’une centaine de photos liées au travail au sein du fonds photographique. Elle évoque par retrait le glissement du monde religieux vers le monde du travail voué si ce n’est à une forme de culte, du moins à une attention particulière. L’articulation du parcours exclut volontairement un ordre thématique ou chronologique, préférant proposer au public une visite libre et fluide. Ces photos donnent à voir des vues d’usines et de grands projets de construction d’un siècle lié à la croissance rapide des métropoles (métros, tunnels, chemin de fer) ou encore la mécanisation du monde agricole. Elles saisissent également la présence souvent fragile et touchante de ces individus dans ces environnements, parfois hostiles, en mutation. On peut citer quelques exemples d’une valeur documentaire rare comme cette fabrique de spaghettis où l’on étend les pâtes comme des vêtements, cette usine de cigarettes où l’on découvre des enfants au travail et l’un des chefs-d’œuvre de la collection, une photo probablement unique où l’on voit des femmes dans une mine remonter à mains nues du charbon. Parallèlement, la fondation a sélectionné des œuvres d’artistes contemporains qui se sont intéressés à ce thème : les grands formats de Thomas Struth, Andreas Gursky, Yuri Pattison, Liu Xiaodong, les sculptures de Cyprien Gaillard, les dessins délicats de Michael Hakimi, le film décalé et drôle d’Emmanuelle Lainé ou celui à la fois burlesque et hypnotique de Mika Rottenberg.

« … et labora »,
Fondation Vincent Van Gogh, 35 ter, rue du Docteur-Fanton, Arles (13), www.fondation-vincentvangogh-arles.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Photogénie du labeur

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