Art ancien

Moulins (03)

Pépites baroques

Musée Anne de Beaujeu – Jusqu’au 5 janvier

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 26 mars 2024 - 332 mots

GRAND SIÈCLE  - C’est un agenda que partagent de nombreux musées : diffuser auprès du plus grand nombre les récentes découvertes sur les foyers artistiques locaux.

Si ce postulat est récurrent, c’est sans doute l’une des premières fois que l’on voit un tel projet mis en œuvre de manière aussi accessible. Il fallait en effet imaginer un dispositif malin pour rendre populaire une peinture méconnue, produite à une époque dont les références culturelles sont étrangères au public actuel, et d’une qualité ­inégale. Ce n’est pas faire injure à l’exposition que de le reconnaître : sur les cimaises se côtoient du très bon – un spectaculaire Parrocel, un magnifique de La Hyre – et du moins bon. Qu’importe. L’enjeu n’est pas d’aligner les chefs-d’œuvre, mais de donner à voir dans sa complexité l’art du Grand Siècle dans le Bourbonnais, province correspondant au département de l’Allier. Une production éclipsée par l’âge d’or du cru : la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance, quand Anne de France tenait à Moulins une des cours les plus raffinées d’Europe.

Le XVIIe siècle, malgré une activité artistique prolifique et quelques peintres de talent, est ainsi resté dans l’ombre. Fort peu étudiée, cette production n’est même pas représentée dans les collections du Musée Anne de Beaujeu ! Pour inverser la tendance, l’établissement a sorti le grand jeu en menant un considérable travail scientifique et une importante campagne de restauration de ces pépites insoupçonnées, pour beaucoup conservées dans des églises. Un travail fructueux puisque l’on fait connaissance avec des artistes majeurs tels que Rémy Vuibert (vers 1600-1652) et Isaac Moillon (1614-1673). Pour porter cette entreprise exigeante, le musée s’est fort intelligemment doté d’une scénographie résolument pédagogique qui fournit à tous les visiteurs les clefs pour décrypter cet art réputé difficile. Un accrochage plein d’audace et de fantaisie également, évoquant ici les boiseries d’un château, là un plafond peint ou encore des murs tendus de chaleureux tissus. Le tout composant un cocon baroque qui en met plein la vue.

« Trésors du Baroque, la peinture en Bourbonnais au XVIIe siècle »,
Musée Anne de Beaujeu, place du colonel Laussedat, Moulins (03).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°774 du 1 avril 2024, avec le titre suivant : Pépites baroques

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