Biennale

Lyon (69)

Pari réussi pour la 15e Biennale de Lyon

Anciennes usines Fagor, Mac Lyon et divers lieux - Jusqu’au 5 janvier 2020

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 26 septembre 2019 - 450 mots

LYON

L’exposition centrale de la Biennale de Lyon se tient pour la première fois sur le site des anciennes usines Fagor.

L’identité de ce site industriel désaffecté, tout comme le fait que le commissariat soit assuré cette année par l’équipe curatoriale du Palais de Tokyo (Adélaïde Blanc, Daria de Beauvais, Yoann Gourmel, Matthieu Lelièvre, Vittoria Mararrese, Claire Moulène et Hugo Vitrani), confèrent à cette 15e édition une double particularité. Les traces visibles de l’activité de l’ex-usine d’électroménager rappellent au visiteur que le lieu n’est pas dévolu à l’art contemporain. Cette contrainte a constitué un point de départ, qui impose son échelle, immense, de 29 000 m2, et son contexte socio-économique. À celui-ci fait écho le choix d’une exposition produite quasi intégralement sur place, afin de favoriser les circuits courts et les interactions avec les acteurs locaux. De la cinquantaine d’artistes de toutes générations et nationalités retenus, la majorité est par ailleurs peu ou pas connue en France. Le résultat, qui laisse deviner une économie de moyens parfaitement maîtrisée, surprend par l’impression de force et de fragilité qui s’en dégage, la cohérence du parcours et les très nombreuses trouvailles qu’il ménage. Passé l’arche new age de Shana Moulton, Destiny Oracle Portal, surmontée par un œil de la Providence ambigu, ce sont les buissons du Roncier métallique de Jean-Marie Appriou qui se dressent, à l’image d’une nature qui pourrait reprendre ses droits sur ce paysage industriel en friche. Cette transition acérée donne le ton, et le premier hall semble celui des multiples présences convoquées par ce regard sur le monde. C’est un étrange théâtre peuplé des fantômes joyeux de Fernando Palma Rodríguez, des zombies de Simphiwe Ndzube, de créatures hybrides mi-animales mi-mécaniques de Nico Vascellari. L’espace est rythmé par la pâle silhouette érigée de la Mêlée, sculpture gonflable de Léonard Martin, le rougeoiement translucide des sculptures de Rebecca Ackroyd, les vibrations du désert métallique de Bronwyn Katz… Le voyage se poursuit dans un deuxième hall à la tonalité mélancolique, éclairé par la rivière orangée de Minouk Lim, et la poésie ténue des associations, vidéos, peintures et objets de Lee Kit. Le bruit du monde surgit dans le troisième hall avec la très belle installation sonore de Marie Reinert. L’histoire se finit hall 4, comme un spectacle, entre les cintres de l’installation de Yona Lee, architecture minimaliste ouvrant sur une autre dimension, et le rideau de théâtre de l’installation de Petrit Halilaj, décor figé convoquant, au sein de cette ancienne usine, d’autres vestiges, culturels ceux-là, d’une institution kosovare détruite par la guerre. C’est la fin d’un voyage qui emprunte son titre à un poème de Raymond Carver et propose de traverser des états chimiques et esthétiques divers. On en ressort, sans doute, légèrement transformé.

« Là où les eaux se mêlent », 15e Biennale de Lyon, www.biennaledelyon.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°727 du 1 octobre 2019, avec le titre suivant : Pari réussi pour la 15e Biennale de Lyon

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