Misia Godebska - Une reine au cannet

Enfant, ses dons de pianiste enchantent Liszt et Fauré dont elle est l’élève. Adulte, elle devient une personnalité en vue qui fait tourner la tête des hommes. Elle épouse en premières noces Thadée Natanson, le fondateur de La Revue blanche où collaborent les écrivains, hommes politiques, intellectuels, musiciens et peintres les plus marquants de la fin du XIXe siècle ; Misia participe ainsi à ce bouillonnement culturel en les côtoyant.

Proust fait d’elle un chatoyant portrait dans À la recherche du temps perdu, où elle est à la fois une princesse éblouissante et une part de Mme Verdurin, arriviste déplaisante. Cocteau s’en inspire pour sa pièce Les Monstres sacrés. Elle est « l’égérie rose des Ballets russes » de Diaghilev, mais aussi l’amie et le modèle des plus grands noms de la peinture.

Tous sont un peu amoureux d’elle et chacun la peint maintes fois. Toulouse-Lautrec la prend comme modèle dans sa célèbre affiche La Revue blanche. Vallotton la présente dans son quotidien, Bonnard en femme épanouie et légèrement arrogante. Omniprésente dans les peintures de Vuillard entre 1895 et 1900, Misia fut le grand amour secret du peintre. Ses tableaux frémissent d’une lumineuse émotion, en particulier dans La Nuque de Misia, toile la plus sensuelle de l’artiste. Petit chef-d’œuvre de pudeur amoureuse que l’on peut admirer, parmi d’autres, au Musée Bonnard.