Merveilleux Jacques Henri Lartigue

Commencée depuis l’âge de sept ans ! Une collection que je peux tout le temps augmenter », écrit en octobre 1907 dans son journal le jeune Jacques Lartigue (1894-1986), initié à la photographie et au tirage par son père dès 1902. Une collection de photographies de ces temps ou instants de vie heureux à la beauté, à l’élégance ou à la facétie vécues, qu’il mettra en pages et légendera dans des albums jusqu’à la fin de sa vie « pour ne rien perdre » de toutes ces choses qui l’émerveillent et que sa mémoire ne « garde suffisamment ».

En une centaine de photographies iconiques de l’œuvre, retirées dans les années 1980 en grand format et extraites des cent trente-cinq albums, Martine d’Astier, directrice de la Donation Jacques Henri Lartigue, dresse chronologiquement un portrait en creux de cet homme hypersensible, spectateur et narrateur de son existence privilégiée (sa famille fut l’une des plus fortunées de France). L’objectif tourné vers la famille, les femmes aimées, les amis et les artistes (Picasso notamment) est résolument optimiste. Couplé à des fac-similés de documents (agendas, albums…), à deux films (à voir absolument) et à des citations de celui qui pratiqua la photographie en amateur, le parcours, « construit pour ceux qui n’ont jamais vu l’œuvre » – comme le précise la commissaire dans son introduction –, donne à ceux qui la connaissent et qui savent que le château de Tours ne peut accueillir des tirages ou des documents anciens le plaisir de voir et revoir ces chroniques joyeuses, insouciantes.