Martin Kippenberger, l'art de l'ironie

L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 362 mots

Atypique et libre, l’œuvre de l’Allemand Martin Kippenberger (1953-1997) est multiple. À la croisée de plusieurs influences, celles de Joseph Beuys et du mouvement Fluxus, celle d’Andy Warhol aussi. Sa pratique, qui en appelle tant à la peinture, à la sculpture qu’à l’installation, inclut dans l’œuvre le processus créatif – l’acte de l’artiste – et la dimension mercantile de l’art. Il travaille sur l’idée de série, de multiple, puisant son inspiration dans la culture po­pulaire, la peinture, l’architecture, la musique, mais également la politique ou l’histoire.
Riche de plus de 200 œuvres, cette rétrospective est la plus vaste jamais organisée autour de cet artiste, décédé il y a presque 10 ans. Le parcours chronologique se déploie en huit salles, dévoilant au public des œuvres qui n’ont, pour la plupart, jamais été présentées en Grande-Bretagne.
Organisée en collaboration avec le K21 de Düsseldorf, l’exposition rassemble une quarantaine de peintures dont 20 produites entre 1983 et 1996, toutes de même format mais de natures très diverses – de l’influence du réalisme socialiste à l’abstraction –, quatre grandes installations, 10 sculptures, plus de 50 œuvres graphiques ainsi qu’une centaine d’affiches récemment acquises par la Tate.
Parmi les pièces les plus spectaculaires, The Happy end of Franz Kafka’s Amerika, une installation jamais montrée en Grande-Bretagne qui fait allusion aux entretiens d’embauche décrits par Kafka dans son roman Amerika, réunit sur une pelouse de football reconstituée une cinquantaine de tables et de chaises, des objets du quotidien ou récupérés aux Puces… Une œuvre qui offre une synthèse de l’univers de l’artiste, et pose les questions fondamentales qui sous-tendent son travail. Le processus de création et la place de l’auteur – on n’est jamais loin du ready-made, certaines pièces peuvent être réalisées par d’autres artistes… –, la possibilité ou non de créer encore quelque chose de nouveau, d’original, le concept même d’exposition sont quelques-uns des points que Kippenberger ne cesse d’aborder au gré d’une œuvre inclassable, aussi sérieuse qu’ironique, présentée ici dans son ensemble.

« Martin Kippenberger (1953-1997) », Tate Modern, niveau 4, 25 Sumner Street, Londres, tél. 44 20 7887 8888, 8 février-7 mai. L’exposition sera ensuite présentée au K21 à Düsseldorf, du 10 juin au 16 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Martin Kippenberger, l'art de l'ironie

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