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L’œil libre d’Agnès b.

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2024 - 464 mots

PARIS

La styliste présente par étapes sa collection photographique. Le 7e opus vient d’investir La Fab., son espace d’exposition ouvert en 2020.

Paris. L’éclectisme prévaut dans la collection d’Agnès B., comme le montrent les différentes expositions thématiques présentées à la Fab. – l’espace que la styliste a ouvert en 2020 pour y abriter son fonds de dotation. Car ce qui l’intéresse, c’est ce qui lui « saute aux yeux », « la qualité d’une expression personnelle », « les choses qu’elle n’a jamais vues » avec « le coup d’œil », « l’instinct » et l’affect pour seuls guides. Pas le coup de cœur, expression qu’elle abhorre. « Une “histoire” de la photographie » est la 7e saison de la présentation de sa collection.

La photographie tient une place importante dans la collection d’Agnès B., dans sa vie aussi. Dès le début de la Galerie du Jour, en 1984, elle montre de la photographie et soutient nombre d’initiatives, de la foire Paris Photo à l’édition d’ouvrages, comme celui de Martin Gusinde, L’Esprit des hommes de la Terre de Feu (éd. Xavier Barral, 2015) dont on retrouve les photos de ces peuples disparus, réalisées entre 1918 et 1924, à la Fab. Elles trouvent leur place dans l’accrochage, entre un portrait par Man Ray de Fernand Léger de 1922 et une scène de rue de Times Square à New York, vue par Helen Levitt. La chronologie mène la présentation des photos, allant du XIXe siècle à nos jours, afin de mettre un peu d’ordre dans cet éclectisme, mais c’est la diversité et la grande subjectivité dans les choix des photos et des histoires, qui font le sel du parcours.

Une certaine histoire de la photographie se déploie ainsi, entre le portrait de Victor Hugo en 1852 par Auguste Vacquerie et Charles Hugo, celui anonyme de Sarah Bernhardt dans son cercueil et de Robert Rauschenberg par Dennis Hopper [voir ill.]. L’œil se plaît à être tour à tour surpris, séduit, amusé… Le Mardi gras de Jacques Henri Lartigue tranche avec une classe de filles, photographiée à la même époque par August Sander et, en même temps, dialogue si bien avec une photographie de Brassaï de trois femmes masquées pour une parade, accrochée quelques pas plus loin.

Les décennies qui suivent livrent des histoires où se racontent en creux des admirations, des rencontres et des liens tissés avec Lucien Hervé, André Villers, Jonas Mekas, Harmony Korine, Ryan McGinley, Malick Sibidé, Marie-Laure de Decker, ou encore avec Nan Golding qu’Agnès B. fut la première à représenter. Paris, New York, Bamako, des constellations de photographes se créent.

L’intérêt qu’Agnès B. porte à la jeunesse et à la jeunesse d’un regard quel que soit son âge s’exprime dans ce « journal intime » où tant de choses inattendues interpellent. Tel ce portrait méconnu de Pierre Mendès France par Henri Cartier-Bresson, beau-père du mari de la collectionneuse.

Une “histoire” de la photographie dans la collection Agnès B.,
jusqu’au 7 avril, La Fab., place Jean-Michel-Basquiat, 75013 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : L’œil libre d’Agnès b.

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